Sonnet romantique

Autrefois elle était fière, la belle Ida.
De sa gorge de lune et de son teint de rose.
Ce gongoriste fou, le marquis de Monrose,
Surnommait ses cheveux les jardins d'Armida.

Mais le corbeau du temps de son bec la rida.
N'importe ! Elle sourit à sou miroir morose,
Appelant sa pâleur de morte une chlorose,
Et son coeur est plus chaud qu'une olla-podrida.

O folle, c'est en vain que tu comptes tes piastres.
Tes yeux sont des lampions et ne sont plus des astres.
Tu n'achèteras pas même un baiser de gueux.

Pourtant si ton désir frénétique se cabre,
S'il te faut à tout prix un cavalier fougueux,
Tu pourras le trouver à la danse macabre.

Collection: 
1888

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Au temps où les buissons flambent de fleurs vermeilles,
Quand déjà le bout noir de mes longues oreilles
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Dont je broutais les brins en jouant au travers,
Un jour que, fatigué, je dormais dans mon gîte,
La petits Margot me...

M'a dit la pluie : Écoute
Ce que chante ma goutte,
Ma goutte au chant perlé.
Et la goutte qui chante
M'a dis ce chant perlé :
Je ne suis pas méchante,
Je fais mûrir le blé.

Ne sois pas triste mine
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Si tu tiens à ta...

Les aiguilles des vents froids
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Pour pelote.
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Cet être noir et tremblant
Qui sanglote ?

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La secoue,
Et la bise qui la mord...

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Voici qu'un frisson monte à...

Un mois s'ensauve, un autre arrive.
Le temps court comme un lévrier.
Déjà le roux genévrier
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Bon soleil, laissez-vous prier,
Faites l'aumône !
Donnez pour un sou de rayons.
Faites l'aumône
A deux pauvres vieux papillons....