Sonnet

 

Pour le surnaturel éclat des cheveux blonds,
Pour la neige du cou, l’aurore de la bouche,
Je rêve une peinture où, frêle, chaque touche
Soit un sourire, prix d’efforts fervents et longs.

Le fond, ciel de septembre où le soleil se couche,
Serait de saphirs bleus, de rubis vermillons.
Ma palette serait l’aile des papillons
Et mes pinceaux des brins de huppe d’oiseau mouche.

Je graverais d’abord avec un diamant,
En traits fins, le sourcil, l’œil, la joue et l’oreille,
Conque rose écoutant mes vers malignement.

Puis la poussière d’or et de nacre, pareille
Aux éclairs de l’émail, au velours du pastel,
Teinterait ce portrait, pâle auprès du réel.

Collection: 
1862

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