• Oeta, mont ennobli par cette nuit ardente,
    Quand l'infidèle époux d'une épouse imprudente
    Reçut de son amour un présent trop jaloux,
    Victime du centaure immolé par ses coups.
    Il brise tes forêts : ta cime épaisse et sombre
    En un bûcher immense amoncelle sans nombre
    Les sapins résineux que son bras a ployés.
    Il y porte la flamme ; il monte, sous ses...

  • Qu'il est doux, au retour de la froide saison,
    Jusqu'au printemps nouveau regagnant la maison,
    De la voir devant vous accourir au passage,
    Ses cheveux en désordre épars sur son visage !
    Son oreille de loin a reconnu vos pas :
    Elle vole, et s'écrie, et tombe dans vos bras ;
    Et sur vous appuyée et respirant à peine,
    A son foyer secret loin des yeux vous...

  • Quoi ! tandis que partout, ou sincères ou feintes,
    Des lâches, des pervers, les larmes et les plaintes
    Consacrent leur Marat parmi les immortels,
    Et que, prêtre orgueilleux de cette idole vile,
    Des fanges du Parnasse un impudent reptile
    Vomit un hymne infâme au pied de ses autels ;

    La vérité se tait ! Dans sa bouche glacée,
    Des liens de la peur sa...

  • Fille de Pandion, ô jeune Athénienne,
    La cigale est ta proie, hirondelle inhumaine,
    Et nourrit tes petits qui, débiles encor,
    Nus, tremblants, dans les airs n'osent prendre l'essor.
    Tu voles ; comme toi la cigale a des ailes.
    Tu chantes ; elle chante. A vos chansons fidèles
    Le moissonneur s'égaye, et l'automne orageux
    En des climats lointains vous chasse...

  • Comme un dernier rayon, comme un dernier zéphyre
    Anime la fin d'un beau jour,
    Au pied de l'échafaud j'essaye encor ma lyre.
    Peut-être est-ce bientôt mon tour ;
    Peut-être avant que l'heure en cercle promenée
    Ait posé sur l'émail brillant,
    Dans les soixante pas où sa route est bornée,
    Son pied sonore et vigilant,
    Le sommeil du tombeau pressera ma...

  • Bergers, vous dont ici la chèvre vagabonde,
    La brebis se traînant sous sa laine féconde,
    Au front de la colline accompagnent les pas,
    A la jeune Mnaïs rendez, rendez, hélas !
    Par Cybèle et Cérès et sa fille adorée,
    Une grâce légère, une grâce sacrée.
    Naguère auprès de vous elle avait son berceau,
    Et sa vingtième année a trouvé le tombeau.
    Que vos...

  • Ô Versaille, ô bois, ô portiques,
    Marbres vivants, berceaux antiques,
    Par les dieux et les rois Elysée embelli,
    A ton aspect, dans ma pensée,
    Comme sur l'herbe aride une fraîche rosée,
    Coule un peu de calme et d'oubli.

    Paris me semble un autre empire,
    Dès que chez toi je vois sourire
    Mes pénates secrets couronnés de rameaux,
    D'où souvent les...

  • Si d'un mot échappé l'outrageuse rudesse
    A pu blesser l'amour et sa délicatesse,
    Immobile il gémit, songe à tout expier.
    Sans honte, sans réserve, il faut s'humilier
    Églé, tombe à genoux, bien loin de te défendre ;
    Tu le verras soudain plus amoureux, plus tendre,
    Courir et t'arrêter, et lui-même à genoux
    Accuser en pleurant son injuste courroux.
    ...

  • Ma Muse pastorale aux regards des Français
    Osait ne point rougir d'habiter les forêts.
    Elle eût voulu montrer aux belles de nos villes
    La champêtre innocence et les plaisirs tranquilles ;
    Et, ramenant Palès des climats étrangers,
    Faire entendre à la Seine enfin de vrais bergers.
    Elle a vu, me suivant dans mes courses rustiques,
    Tous les lieux illustrés...

  • Il n'est donc plus d'espoir, et ma plainte perdue
    A son esprit distrait n'est pas mème rendue !
    Couchons-nous sur sa porte. Ici, jusques au jour
    Elle entendra les pleurs d'un malheureux amour.
    Mais, non... Fuyons... Une autre avec plaisir tentée
    Prendra soin d'accueillir ma flamme rebutée,
    Et de mes longs tourments pour consoler mon coeur...
    Mais plutôt...