• Cécile était en blanc, comme aux tableaux illustres
    Où la Sainte se voit, un nimbe autour du chef.
    Ils étaient au fauteuil Dieu, Marie et Joseph ;
    Et j'entendis cela debout près des balustres.

    Soudain au flamboiement mystique des grands lustres,
    Eclata l'harmonie étrange, au rythme bref,
    Que la harpe brodait de sons en relief...
    Musiques de la terre, ah...

  • Leurs yeux se sont éteints dans la dernière Nuit ;
    Ils ont voulu la vie, ils ont cherché le Rêve
    Pour leurs coeurs blasphémants d'où l'espoir toujours fuit.
    Ils n'ont jamais trouvé la vraie et bonne sève.

    En vain ont-ils tué l'âme dans la débauche,
    Il reste encore, effroi ! les tourments du Remords.
    L'Ange blême se dresse et se place à leur gauche,
    Leur...

  • Les bruns chêneaux altiers traçaient dans le ciel triste,
    D'un mouvement rythmique, un bien sombre contour ;
    Les beaux ifs langoureux, et l'yprau qui s'attriste
    Ombrageaient les verts nids d'amour.

    Ici, jets d'eau moirés et fontaines bizarres ;
    Des Cupidons d'argent, des plans taillés en coeur,
    Et tout au fond du parc, entre deux longues barres,
    Un cerf...

  • Je ne suis qu'un être chétif :
    Tout jeune, m'a laissé ma mère ;
    Je vais errant et maladif :
    Je n'ai pas d'amis sur la terre.

    Seul soutien et seul compagnon
    - Gagne-pain de mes jours très drôle -
    Je n'ai qu'un rude violon,
    Pour gîte, l'ombrage d'un saule.

    Grand comme les cieux est mon coeur ;
    Et bien que mon oeil soit sans flamme,
    Je...

  • Octobre étend son soir de blanc repos
    Comme une ombre de mère morte.

    Les chevriers, du son de leurs pipeaux,
    Semblent railler la brise forte.

    Mais l'un s'est tu. L'instrument, de ses lèvres,
    Soudain se dégage à mes pas ;

    Celui-là sait mon amour pour ses chèvres ;
    Que j'aime à causer aux soirs bas.

    Je le respecte... il est vieux, c...

  • - Oui, je souffre, ces soirs, démons mornes chers Saints.
    - On est ainsi toujours au soupçon des Toussaints.
    - Mon âme se fait dune à funèbres hantises.
    - Ah ! donne-moi ton front, que je calme tes crises.

    - Que veux-tu ? je suis tel, je suis tel dans ces villes,
    Boulevardier funèbre échappé des balcons,
    Et dont le rêve élude, ainsi que des faucons,...

  • Dans le puits noir que tu vois là
    Gît la source de tout ce drame.
    Aux vents du soir le cerf qui brame
    Parmi les bois conte cela.

    Jadis un amant fou, voilà,
    Y fut noyé par une femme.
    Dans le puits noir que tu vois là
    Gît la source de tout ce drame.

    Pstt ! n'y viens pas ! On voit l'éclat
    Mystérieux d'un spectre en flamme,
    Et...

  • Ma mère, que je l'aime en ce portrait ancien,
    Peint aux jours glorieux qu'elle était jeune fille,
    Le front couleur de lys et le regard qui brille
    Comme un éblouissant miroir vénitien !

    Ma mère que voici n'est plus du tout la même ;
    Les rides ont creusé le beau marbre frontal ;
    Elle a perdu l'éclat du temps sentimental
    Où son hymen chanta comme un rose...

  • Comme des larmes d'or qui de mon coeur s'égouttent,
    Feuilles de mes bonheurs, vous tombez toutes, toutes.

    Vous tombez au jardin de rêve où je m'en vais,
    Où je vais, les cheveux au vent des jours mauvais.

    Vous tombez de l'intime arbre blanc, abattues
    Çà et là, n'importe où, dans l'allée aux statues.

    Couleur des jours anciens, de mes robes d'enfant...

  • Ce fut un grand Vaisseau taillé dans l'or massif:
    Ses mâts touchaient l'azur, sur des mers inconnues;
    La Cyprine d'amour, cheveux épars, chairs nues
    S'étalait à sa proue, au soleil excessif.

    Mais il vint une nuit frapper le grand écueil
    Dans l'Océan trompeur où chantait la Sirène,
    Et le naufrage horrible inclina sa carène
    Aux profondeurs du Gouffre,...