• Soulève ta paupière close
    Qu?effleure un songe virginal ;
    Je suis le spectre d?une rose
    Que tu portais hier au bal.
    Tu me pris encore emperlée
    Des pleurs d?argent de l?arrosoir,
    Et parmi la fête étoilée
    Tu me promenas tout le soir.

    Ô toi qui de ma mort fus cause,
    Sans que tu puisses le chasser
    Toute la nuit mon spectre rose
    A ton...

  • Une femme mystérieuse,
    Dont la beauté trouble mes sens,
    Se tient debout, silencieuse,
    Au bord des flots retentissants.

    Ses yeux, où le ciel se reflète,
    Mêlent à leur azur amer,
    Qu'étoile une humide paillette,
    Les teintes glauques de la mer.

    Dans les langueurs de leurs prunelles,
    Une grâce triste sourit ;
    Les pleurs mouillent les...

  • Confort et far-niente ! - toute une poésie
    De calme et de bien-être, à donner fantaisie
    De s'en aller là-bas être Flamand ; d'avoir
    La pipe culottée et la cruche à fleurs peintes,
    Le vidrecome large à tenir quatre pintes,
    Comme en ont les buveurs de Brawer, et le soir
    Près du poêle qui siffle et qui détonne, au centre
    D'un brouillard de tabac, les deux...

  • Tandis qu'à leurs oeuvres perverses
    Les hommes courent haletants,
    Mars qui rit, malgré les averses,
    Prépare en secret le printemps.

    Pour les petites pâquerettes,
    Sournoisement lorsque tout dort,
    Il repasse des collerettes
    Et cisèle des boutons d'or.

    Dans le verger et dans la vigne,
    Il s'en va, furtif perruquier,
    Avec une houppe de...

  • Seul un homme debout auprès d'une colonne,
    Sans que ce grand fracas le dérange ou l'étonne,
    A la scène oubliée attachant son regard,
    Dans une extase sainte enivre ses oreilles.
    De ces accords profonds, de ces hautes merveilles
    Qui font luire ton nom entre tous, - ô Mozart ! -
    Ton génie avait pris le sien, et de ses ailes
    Le poussait par delà les sphères...

  • Notre-Dame
    Que c'est beau !
    Victor HUGO

    En passant sur le pont de la Tournelle, un soir,
    Je me suis arrêté quelques instants pour voir
    Le soleil se coucher derrière Notre-Dame.
    Un nuage splendide à l'horizon de flamme,
    Tel qu'un oiseau géant qui va prendre l'essor,
    D'un bout du ciel à l'autre ouvrait ses ailes d'or,
    - Et c'était des clartés à...

  • Sur le coteau, là-bas où sont les tombes,
    Un beau palmier, comme un panache vert,
    Dresse sa tête, où le soir les colombes
    Viennent nicher et se mettre à couvert.

    Mais le matin elles quittent les branches ;
    Comme un collier qui s'égrène, on les voit
    S'éparpiller dans l'air bleu, toutes blanches,
    Et se poser plus loin sur quelque toit.

    Mon âme...

  • Je vis cloîtré dans mon âme profonde,
    Sans rien d'humain, sans amour, sans amis,
    Seul comme un dieu, n'ayant d'égaux au monde
    Que mes aïeux sous la tombe endormis !
    Hélas ! grandeur veut dire solitude.
    Comme une idole au geste surhumain,
    Je reste là, gardant mon attitude,
    La pourpre au dos, le monde dans la main.

    Comme Jésus, j'ai le cercle d...

  • [...] A l'instant qu'on l'appelle, arrivant plein d'audace,
    Au haut de l'alphabet l'A s'arroge sa place,
    Alerte, agile, actif, avide d'apparat,
    Tantôt, à tout hasard, il marche avec éclat ;
    Tantôt d'un accent grave acceptant des entraves,
    Il a dans son pas lent l'allure des esclaves,
    A s'adonner au mal quand il est résolu,
    Avide, atroce, affreux, arrogant,...

  • Quand le premier chantre du monde
    Expira sur les bords glacés
    Où l'Èbre effrayé, dans son onde,
    Reçut ses membres dispersés,
    Le Thrace, errant sur les montagnes,
    Remplit les bois et les campagnes
    Du cri perçant de ses douleurs ;
    Les champs de l'air en retentirent,
    Et dans les antres qui gémirent
    Le lion répandit des pleurs.

    La...