• Ô regards ensouffrés, yeux de lynx homicides,
    Qui tirez vos amis, leur brûlant âme et coeurs,
    Qui êtes de nos jours trop aisément vainqueurs,
    Des hautains demi-dieux les patrons et les guides !

    Vous en dépit des eaux de mes yeux tant humides,
    Vous brûlez, foudroyez et tonnez en fureurs
    Des tourbillons éclairs, où naissent mes douleurs,
    Et qui rendent...

  • Le soir, au son bruyant des cloches étourdies,
    Qui de leurs premiers cris font émouvoir les cieux,
    Les Esprits à leur son, de leurs os ennuyeux,
    Descendent à milliers aux tombes engourdies.

    Les uns sont morts d'amour, de chaudes maladies,
    Les autres aux combats par le fer furieux,
    Mais de tous les Démons qui visitent leurs lieux,
    J'ai pitié seulement...

  • À de vagues desseins l'homme est toujours en proie,
    Son instabilité ne meurt qu'avecque lui,
    Et nous voyons, Seigneur, que sa plus douce joie
    Dégénère souvent en son plus grand ennui.

    Bien que vers son bonheur constamment il s'empresse,
    Bien qu'en ce seul objet il mette ses plaisirs,
    Comme c'est hors de vous qu'il le cherche sans cesse,
    Il n'est...

  • et de la faiblesse des nôtres


    Je ne suis rien, mon Dieu, je ne suis que ténèbres,
    Si vos vives splendeurs ne conduisent mes pas,
    Ou du moins mes clartés sont des torches funèbres,
    Dont la triste lumière éclaire mon trépas.

    Quand de vos vifs rayons j'ai fait mourir la flamme,
    Les glaces de la mort s'emparent de mes sens,
    Quand vous vous...

  • et de la résistance que la Grâce trouve en lui


    (Fragment)

    " Vien vien, me dites-vous, appaiser ma colere,
    Change en respect tous tes mépris,
    J'ai toûjours de l'amour, et je suis toûjours Pere
    Ne veux-tu plus estre mon fils ?

    Si tu n'aimes un Pere, au moins redoute un Juge,
    Prens toy-mesme pitié de toy ;
    Contre moy quel moyen de...

  • Sur la lyre tissant mes douces mélodies,
    Tantôt j'ai fait gronder un hymne à la vertu ;
    Et tantôt, soupirant, mes lèvres moins hardies
    Ont tout bas murmuré : " Printemps, que me veux-tu ? "

    Restant toujours fidèle à l'essaim de mes rêves,
    Jamais je n'ai maudit l'extase de l'amour,
    Ni condamné ceux qui, dans des heures trop brèves,
    Prononcent des...

  • Élégie

    S'il est un nom bien doux fait pour la poésie,
    Oh ! dites, n'est-ce pas le nom de la Voulzie ?
    La Voulzie, est-ce un fleuve aux grandes îles ? Non ;
    Mais, avec un murmure aussi doux que son nom,
    Un tout petit ruisseau coulant visible à peine ;
    Un géant altéré le boirait d'une haleine ;
    Le nain vert Obéron, jouant au bord des flots,
    ...

  • Ménestrel qui vais par le monde,
    N'ayant rien que mon gai savoir,
    Si vous m'aimiez, ô belle blonde !
    Je me croirais un riche avoir ;
    Comme Pétrarque aux pieds de son idole,
    A vos genoux courbé bien bas, bien bas,
    J'oublîrais tout, voire le Capitole,
    Si vous m'aimiez... Mais vous ne m'aimez pas

    Si vous m'aimiez, ô belle blonde !
    De vos...

  • Chant funèbre

    Refrain :
    Ils sont tous morts, morts en héros,
    Et le désespoir est sans armes ;
    Du moins, en face des bourreaux
    Ayons le courage des larmes !

    Ces enfants qu'on croyait bercer
    Avec le hochet tricolore
    Disaient tout bas : il faut presser
    L'avenir paresseux d'éclore ;
    Quoi ! nous retomberions vainqueurs
    Dans...

  • Si de bien servir la fin est le guerdon,
    Plus ne veux mon coeur retenir devers moy,
    Ains à tousjourmais je le veux dessous toy
    Mettre à l'abandon.
    Hors la liberté de ma folle raison,
    Tout ce grand pourpris que je voy de mes yeux
    Fluctuer ça bas à la danse des Cieux,
    N'est qu'une prison.
    Veux-je l'or du fonds de la terre puiser,
    Veux-je près des Rois...