• Pressé de désespoir, mes yeux flambants je dresse
    À ma beauté cruelle, et baisant par trois fois
    Mon poignard nu, je l'offre aux mains de ma déesse,
    Et lâchant mes soupirs en ma tremblante voix,
    Ces mots coupés je presse :

    " Belle, pour étancher les flambeaux de ton ire,
    Prends ce fer en tes mains pour m'en ouvrir le sein,
    Puis mon coeur haletant hors...

  • Je sens bannir ma peur et le mal que j'endure,
    Couché au doux abri d'un myrte et d'un cyprès,
    Qui de leurs verts rameaux s'accolant près à près
    Encourtinent la fleur qui mon chevet azure !

    Oyant virer au fil d'un musicien murmure
    Milles nymphes d'argent, qui de leurs flots secrets
    Bebrouillent en riant les perles dans les prés,
    Et font les diamants...

  • Soubs la tremblante courtine
    De ces bessons arbrisseaux,
    Au murmure qui chemine
    Dans ces gazouillans ruisseaux,
    Sur un chevet touffu esmaillé des couleurs
    D'un million de fleurs,

    A ces babillars ramages
    D'osillons d'amour espris,
    Au fler des roses sauvages
    Et des aubepins floris,
    Portés, Zephirs pillars sur mille fleurs trottans...

  • Ceste nuict ne nous est point nuict,
    Elle nous est une journee :
    La nuict n'est encor retournee,
    Ton oeil au lieu du soleil luit.

    Diane qui les ombres suit
    Est or' d'un noir environnee,
    Et ennemie d'himenee,
    Pour nous separer loing s'enfuit.

    Ne te haste, chaste deesse,
    N'interromps point notre caresse,
    Pour la vistesse de ton...

  • Les planettes ; les cieux, les astres, les estoilles,
    Les eaux, la terre, l'aer, les poissons escaillés,
    Les bestes des forests, les oyseaux esmaillés,
    Les petits animaux des terrestres mouëlles.

    Les ans, les moys, les jours, et les nuits tisse-voiles,
    La course des saisons, ouvrages entaillés
    De l'ouvrier souverain, tel qu'il les a baillés,
    On...

  • Les bons amants deux coeurs en un assemblent,
    Penser, vouloir, mettent en un désir,
    Un chemin vont, jamais ne se dessemblent ;
    Ce que l'un veut, l'autre l'a à plaisir.
    Point ne les vient jalousie saisir
    En vrai amour, car de mal n'ont envie
    Amour est bonne ; jaloux ont male vie.

    En telle amour l'un l'autre ne mécroit,
    Jamais entre eux n'a...

  • Fragment de poème

    Non, ce n'est plus assez de la roche lointaine
    Où mes jours, consumés à contempler les mers,
    Ont nourri dans mon sein un amour qui m'entraîne
    À suivre aveuglément l'attrait des flots amers.
    Il me faut sur le bord une grotte profonde,
    Que l'orage remplit d'écume et de clameurs,
    Où, quand le dieu du jour se lève sur le monde,...

  • Le zèbre pétulant aux ruades bizarres
    Me fait l'effet d'un âne ôté vivant d'un gril
    Quand le fer l'eut marqué d'ineffaçables barres
    Et qui se souviendrait de ce cuisant péril.

    Il a des soubresauts d'être fuyant la flamme
    Et des hennissements étranges de brûlé.
    Les bons anciens croyaient et de toute leur âme
    Qu'on ne le domptait pas. Quel beau rêve...

  • Sa Seigneurie est sur le continent. - Les hêtres
    Sous lesquels Robin-Hood jadis tendit son arc
    Mugissent, défeuillés, au fond du noble Park.
    Blackwood-Castle est désert ; closes sont les fenêtres.

    Rivière de high-life, à travers un gazon
    Ratissé sans relâche, eau flegmatique et noire,
    Coule à présent la source où s'arrêtait pour boire
    Le brave...

  • Sous l'azur enflammé le vieux Mississipi
    Fume. - Il est midi. - Les tortues
    Dorment. Le caïman aux mâchoires pointues
    Bâille, dans le sable accroupi.

    Les cloches ont sonné le breakfast dans la plaine ;
    Et l'on n'aperçoit plus, là-bas,
    Dans les cannes à sucre et dans les verts tabacs,
    Les nègres aux cheveux de laine.

    Tandis que sur les champs...