• Ô Dieu qui vois ceste rouë execrable,
    Horrible object de ton juste courroux,
    Qui vois mon corps rompu de tant de coups,
    Chasse de moi ton ire espouvantable.

    Mes os brisez sous la barre effroyable,
    Ma chair mollie et tous mes nerfs dissous,
    Mes bras pendans et mes tristes genous
    Auront-ils point leur Seigneur secourable ?

    Le Forgeron...

  • Notre règne est venu. L'avenir, c'est la vie.
    De son chemin d'hier notre vaisseau dévie,
    Ô peuples désolés,
    Pour guider vers le port vos rames et vos voiles,
    Il faut un autre phare, il faut d'autres étoiles
    A vos cieux dépeuplés.

    Ces étoiles, c'est nous ! Ce phare nous le sommes !
    Nous venons apporter notre lumière aux hommes.
    Nous sortons de...

  • L'aile ternie et de rosée humide,
    Sylphe inconnu, parmi les fleurs couché,
    Sous une feuille, invisible et timide,
    J'aime à rester caché.

    Le vent du soir me berce dans les roses ;
    Mais quand la nuit abandonne les cieux,
    Au jour ardent mes paupière sont closes :
    Le jour blesse mes yeux.

    Pauvre lutin, papillon éphémère,
    Ma vie, à moi, c'...

  • C'était un soir que tout brillait de feux ;
    Un soir qu'éclatant de lumières,
    Tivoli lassait les paupières
    De mille curieux.

    Là, des bosquets blanchis ; là, des masses plus sombres ;
    Des soleils de cristal, des jours brusques, des ombres
    Qui s'allongent sur le gazon ;
    Aux branches des ormeaux des lampes suspendues ;
    Des nacelles dans l'air ; d'...

  • Le bassin est uni : sur son onde limpide
    Pas un souffle de vent ne soulève une ride ;
    Au lever du soleil, chaque flot argenté
    Court, par un autre flot sans cesse reflété ;
    Il répète ses fleurs, comme un miroir fidèle ;
    Mais la pointe des joncs sur la rive a tremblé...
    Près du bord, qu'elle rase, a crié l'hirondelle...
    Et l'azur du lac s'est troublé !...

  • Pauvre petit oiseau des champs,
    Inconstante bergeronnette.
    Qui voltiges, vive et coquette,
    Et qui siffles tes jolis chants ;

    Bergeronnette si gentille,
    Qui tournes autour du troupeau.
    Par les prés sautille, sautille,
    Et mire-toi dans le ruisseau !

    Vas, dans tes gracieux...

  • Roulez, élégantes calèches !...
    En avant, coursiers, en avant !...
    Ceintures légères et fraîches,
    Flottez au vent !

    Du jour qui meurt la lumière abaissée
    Joue entre les rameaux,
    Dore les troncs, et serpente, brisée,
    Sur l'herbe, en longs réseaux...

    Silence ! amants, silence !...
    Le vent du soir balance
    Le chèvrefeuille en fleur...

  • L'Oiseau de Jupiter enlevant un mouton,
    Un Corbeau témoin de l'affaire,
    Et plus faible de reins, mais non pas moins glouton,
    En voulut sur l'heure autant faire.
    Il tourne à l'entour du troupeau,
    Marque entre cent Moutons le plus gras, le plus beau,
    Un vrai Mouton de sacrifice :
    On l'avait réservé pour la bouche des Dieux.
    Gaillard Corbeau disait, en le...

  • Ô douce Volupté, sans qui, dès notre enfance,
    Le vivre et le mourir nous deviendraient égaux ;
    Aimant universel de tous les animaux,
    Que tu sais attirer avecque violence !
    Par toi tout se meut ici-bas.
    C'est pour toi, c'est pour tes appâts,
    Que nous courons après la peine :
    Il n'est soldat, ni capitaine,
    Ni ministre d'État, ni prince, ni sujet,...

  • Un homme chérissait éperdument sa Chatte ;
    Il la trouvait mignonne, et belle, et délicate,
    Qui miaulait d'un ton fort doux.
    Il était plus fou que les fous.
    Cet Homme donc, par prières, par larmes,
    Par sortilèges et par charmes,
    Fait tant qu'il obtient du destin
    Que sa Chatte en un beau matin
    Devient femme, et le matin même,
    Maître sot en fait sa...