Brûlé par l'énorme lumière
Irradiant du ciel caillé,
- Stupéfait, recroquevillé,
Hâlé, sali par la poussière,
Le pauvre paysage mort
Se ranime à l'heure nocturne,
Et puis, murmurant taciturne,
Extasié, rêve et s'endort.
La bonne ombre le rafraîchit ;
Et toute propre resurgit
Sa mélancolique peinture.
Avec l'aurore...
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Arqué haut sur les monts et d'un bleu sans nuages
Qu'un triomphant soleil embrase éblouissant,
Le ciel, par la vallée où la chaleur descend,
Anime, en plein hiver, la mort des paysages.
Il semble qu'ici, là, la mouche revoltige,
Tourne dans la poussière ardente du rayon ;
On va voir le martin-pêcheur, le papillon,
L'un raser le ruisseau, l'autre... -
On voit ce grand fond de vallée
Fuligineux sous les cieux ronds :
Là, terrain, herbes, rameaux, troncs,
Toute une forêt fut brûlée !
D'elle, si verte et si peuplée,
Qui, si fière, portait son front,
Narguait le vent, raillait l'affront
Du tonnerre et de la gelée,
Il reste la place... raclée,
Croupissante et noire, meublée
D'un... -
La solitude est bien l'hôtesse
Qui convient à ce lac profond :
Son saule unique et lui se font
Le vis-à-vis de la tristesse.
Immobiles ou se mouvant
Ils joignent leurs mélancolies,
Par les froidures, sous les pluies,
Dans le soleil et dans le vent.
Ils échangent même en secret
Ce qui les charme ou les distrait.
L'arbre a des... -
Il fait un froid noir et tout gèle :
Abreuvoir, écluse et ruisseau.
Tous les puits, à l'endroit du seau,
Ont de la glace à leur margelle.
C'est pourquoi, vite, après la classe,
Les enfants viennent, à grands cris,
Glisser sur l'étang si bien pris
Qu'ils ne craignent pas que ça casse.
En tas, casquettes sans visière,
Bérets... -
Le cabaret qui n'est pas neuf
Est bondé des plus vieux ivrognes
Dont rouge brique sont les trognes
Entre les grands murs sang de boeuf.
L'un d'entre eux, chenu comme un oeuf,
D'une main sur la table cogne,
Et, son verre dans l'autre, il grogne :
" Aussi vrai que j'suis d'Châteauneuf !
J'reste un bon coq, et l'diab' me rogne !
Je r'prendrais... -
Lorsque la pluie, ainsi qu'un immense écheveau
Brouillant à l'infini ses longs fils d'eau glacée,
Tombe d'un ciel funèbre et noir comme un caveau
Sur Paris, la Babel hurlante et convulsée,
J'abandonne mon gîte, et sur les ponts de fer,
Sur le macadam, sur les pavés, sur l'asphalte,
Laissant mouiller mon crâne où crépite un enfer,
Je marche à pas... -
Par ce temps si bénin, après tant de froidure,
Dans les grands terrains gris, sur les coteaux chenus,
On a l'impression parmi ces arbres nus
D'un très beau jour d'été sans fleurs et sans verdure.
Les pieds ne glissent plus sur la terre moins dure
Où les feux du soleil, presque tous revenus,
Allument cailloux, rocs, sable et gazons menus.
Dans l'... -
Foisonnantes, couvant des venins séculaires
Dans ce marécageux semis d'herbe et de rocs,
Les ronces, par fouillis épais comme des blocs,
Embusquaient sourdement leurs dards triangulaires.
Ah certe ! Elles guettaient si bien l'occasion
Du Mal, si scélérate épiait leur adresse,
Que l'accrochant éclair de leurs griffes traîtresses
Fut plus subtil... -
Maintenant, je suis malheureux
De rencontrer ces fleurs clochettes
A bords dentelés, violettes,
Sur les talus des chemins creux.
Et pourtant ces douces fluettes
Sont encor dans leur coin frileux,
Le perchoir des papillons bleus
Qui s'en font des escarpolettes.
Mais qu'importe ! La canicule
Tire à sa fin. L'été recule...
Et,...