• N'espérons plus, mon âme, aux promesses du monde ;
    Sa lumière est un verre, et sa faveur une onde
    Que toujours quelque vent empêche de calmer.
    Quittons ces vanités, lassons-nous de les suivre ;
    C'est Dieu qui nous fait vivre,
    C'est Dieu qu'il faut aimer.

    En vain, pour satisfaire à nos lâches envies,
    Nous passons près des rois tout le temps de nos vies...

  • Beaux et grands bâtiments d'éternelle structure,
    Superbes de matière, et d'ouvrages divers,
    Où le plus digne roi qui soit en l'univers
    Aux miracles de l'art fait céder la nature.

    Beau parc, et beaux jardins, qui dans votre clôture,
    Avez toujours des fleurs, et des ombrages verts,
    Non sans quelque démon qui défend aux hivers
    D'en effacer jamais l'...

  • Infidèle mémoire
    Pourquoi fais-tu gloire
    De me ramentevoir
    Une saison prospère
    Que je désespère,
    De jamais plus revoir ?

  • Ma Crisante avec une foi
    Dont l'âge atteste l'innocence,
    M'a fait serment qu'en mon absence
    Elle aura mémoire de moi.

    Cette faveur si peu commune
    Me donne tant de vanité
    Qu'à la même divinité
    J'ose comparer ma fortune.

    Peut-être qu'elle me déçoit
    De m'assurer que cela soit,
    Mais si le tiens-je véritable

    Pour me garantir...

  • Tu vois, passant, la sépulture
    D'un chef-d'oeuvre si précieux,
    Qu'avoir mille rois pour aïeux
    Fut le moins de son aventure.

    L'experte main de la nature,
    Et le soin propice des cieux,
    Jamais ne s'accordèrent mieux
    A former une créature.

    On doute pourquoi les destins,
    Au bout de quatorze matins,
    De ce monde l'ont appelée.

    ...

  • Chère beauté que mon âme ravie
    Comme son pôle va regardant,
    Quel astre d'ire et d'envie
    Quand vous naissiez marquait votre ascendant,
    Que votre courage endurci,
    Plus je le supplie moins ait de merci ?

    En tous climats, voire au fond de la Thrace,
    Après les neiges et les glaçons
    Le beau temps reprend sa place :
    Et les étés mûrissent les moissons...

  • Est-ce à jamais, folle espérance,
    Que tes infidèles appas
    M'empêcheront la délivrance
    Que me propose le trépas ?

    La raison veut, et la nature,
    Qu'après le mal vienne le bien ;
    Mais en ma funeste aventure,
    Leurs règles ne servent de rien.

    C'est fait de moi, quoi que je fasse ;
    J'ai beau plaindre et beau soupirer,
    Le seul remède en ma...

  • Beaux yeux, sorciers et doux, mes uniques flambeaux,
    Flambeaux, ah ! qu'ai-je dit ? c'est trop peu, mais vous êtes
    Deux astres qui d'amour sereinez les tempêtes,
    Frères jumeaux plus doux que les Frères Jumeaux* ;

    Petits globes tout ronds, tout sereins et tout beaux,
    Beaux yeux, vous n'êtes pas ni flambeaux ni planètes,
    Mais des miroirs ardents ; et vos...

  • Souviens-toi que tu n'es que cendre
    Et qu'il te faut bien descendre
    Dans le fond d'un sépulcre noir,
    Où la terre te doit reprendre
    Et la cendre te recevoir.

    Le péril te suit à la guerre,
    Dessus la mer, dessus la terre ;
    Le péril te suit en tous lieux,
    Et tout ce que le monde enserre
    Vit en péril dessous les cieux.

    La moindre...

  • À Mademoiselle Madeleine Mareschal

    Ce masque, qui celait tantôt votre beauté,
    Semble à l'obscurité de la nuit effroyable :
    Elle cache au soleil sa clarté désirable,
    Lui cache de vos yeux la divine clarté.

    Ô masque, fallait-il que ton obscurité
    Recelât de ses yeux la puissance admirable !
    Je pensai voir reluire une aurore agréable
    Aussitôt que...