• Quel astre malheureux ma fortune a bâtie ?
    A quelles dures lois m'a le Ciel attaché,
    Que l'extrême regret ne m'ait point empêché
    De me laisser résoudre à cette départie ?

    Quelle sorte d'ennuis fut jamais ressentie
    Egale au déplaisir dont j'ai l'esprit touché ?
    Qui jamais vit coupable expier son péché,
    D'une douleur si forte, et si peu divertie ?
    ...

  • Caliste, en cet exil j'ai l'âme si gênée
    Qu'au tourment que je souffre il n'est rien de pareil :
    Et ne saurais ouïr ni raison, ni conseil,
    Tant je suis dépité contre ma destinée.

    J'ai beau voir commencer et finir la journée,
    En quelque part des cieux que luise le soleil,
    Si le plaisir me fuit, aussi fait le sommeil :
    Et la douleur que j'ai n'est jamais...

  • C'est faussement qu'on estime,
    Qu'il ne soit point de beautés,
    Où ne se trouve le crime
    De se plaire aux nouveautés.

    Si Madame avait envie,
    De brûler de feux divers,
    Serait-elle pas suivie
    Des yeux de tout l'univers ?

    Est-il courage si brave
    Qui ne pense avoir raison,
    De se rendre son esclave
    Et languir en sa prison ?
    ...

  • Dure contrainte de partir,
    A quoi je ne puis consentir,
    Et dont je ne m'ose défendre,
    Que ta rigueur a de pouvoir ?
    Et que tu me fais bien apprendre
    Quel tyran C'est que le devoir ?

    J'aurai donc nommé ces beaux yeux
    Tant de fois mes rois et mes dieux ?
    Pour aujourd'hui n'en tenir compte,
    Et permettre qu'à l'avenir
    On leur impute cette...

  • Quoi donc c'est un arrêt qui n'épargne personne
    Que rien n'est ici-bas heureux parfaitement,
    Et qu'on ne peut au monde avoir contentement,
    Qu'un funeste malheur aussitôt n'empoisonne.

    La santé de mon prince en la guerre était bonne :
    Il vivait aux combats comme en son élément :
    Depuis que dans la paix il règne absolument
    Tous les jours la douleur...

  • Ta douleur, du Périer, sera donc éternelle,
    Et les tristes discours
    Que te met en l'esprit l'amitié paternelle
    L'augmenteront toujours

    Le malheur de ta fille au tombeau descendue
    Par un commun trépas,
    Est-ce quelque dédale, où ta raison perdue
    Ne se retrouve pas ?

    Je sais de quels appas son enfance était pleine,
    Et n'ai pas entrepris,...

  • Beauté de qui la grâce étonne la nature,
    Il faut donc que je cède à l'injure du sort,
    Que je vous abandonne, et loin de votre port
    M'en aille au gré du vent suivre mon aventure.

    Il n'est ennui si grand que celui que j'endure :
    Et la seule raison qui m'empêche la mort,
    C'est le doute que j'ai que ce dernier effort
    Ne fût mal employé pour une âme si dure...

  • Mes yeux, vous m'êtes superflus ;
    Cette beauté qui m'est ravie,
    Fut seule ma vue et ma vie,
    Je ne vois plus, ni ne vis plus.
    Qui me croit absent, il a tort,
    Je ne le suis point, je suis mort.

    O qu'en ce triste éloignement,
    Où la nécessité me traîne,
    Les dieux me témoignent de haine,
    Et m'affligent indignement.
    Qui me croit absent, il a...

  • Enfin l'ire du ciel et sa fatale envie,
    Dont j'avais repoussé tant d'injustes efforts,
    Ont détruit ma fortune, et, sans m'ôter la vie,
    M'ont mis entre les morts.

    Henri, ce grand Henri, que les soins de nature
    Avaient fait un miracle aux yeux de l'univers
    Comme un homme vulgaire est dans la sépulture
    A la merci des vers !

    Belle âme, beau...

  • Quoi donc, grande princesse, en la terre adorée,
    Et que même le Ciel est contraint d'admirer,
    Vous avez résolu de nous voir demeurer
    En une obscurité d'éternelle durée ?

    La flamme de vos yeux, dont la cour éclairée
    A vos rares vertus ne peut rien préférer,
    Ne se lasse donc point de nous désespérer,
    Et d'abuser les voeux dont elle est désirée ?
    ...