• I

    Vingt Cipayes, la main sur leurs pommeaux fourbis
    Et le crâne rasé ceint du paliacate,
    Gardent le vieux Nabab et la Begum d'Arkate ;
    Autour danse un essaim léger de Lall-Bibis.

    Le Mongol, roide et grave en ses riches habits,
    Égrène un chapelet fait d'ambre de Maskate ;
    La jeune femme est belle, et sa peau délicate
    Luit sous la...

  • O chevrier ! ce bois est cher aux Piérides.
    Point de houx épineux ni de ronces arides ;
    A travers l'hyacinthe et le souchet épais
    Une source sacrée y germe et coule en paix.
    Midi brûle là-bas où, sur les herbes grêles,
    On voit au grand soleil bondir les sauterelles ;
    Mais, du hêtre au platane et du myrte au rosier,
    Ici, le merle vole et siffle à plein gosier...

  • Le soleil dans les flots avait noyé ses flammes,
    La ville s'endormait aux pieds des monts brumeux.
    Sur de grands rocs lavés d'un nuage écumeux
    La mer sombre en grondant versait ses hautes lames.

    La nuit multipliait ce long gémissement.
    Nul astre ne luisait dans l'immensité nue ;
    Seule, la lune pâle, en écartant la nue,
    Comme une morne lampe oscillait...

  • Kallirhoé conçut dans l'ombre, au fond d'un antre,
    À l'époque où les rois Ouranides sont nés,
    Ekhidna, moitié nymphe aux yeux illuminés,
    Moitié reptile énorme écaillé sous le ventre.

    Khrysaor engendra ce monstre horrible et beau,
    Mère de Kerbéros aux cinquante mâchoires,
    Qui, toujours plein de faim, le long des ondes noires.
    Hurle contre les morts qui n...

  • Sur la côte d'un beau pays,
    Par delà les flots Pacifiques,
    Deux hauts palmiers épanouis
    Bercent leurs palmes magnifiques.

    À leur ombre, tel qu'un Nabab
    Qui, vers midi, rêve et repose,
    Dort un grand tigre du Pendj-Ab,
    Allongé sur le sable rose ;

    Et, le long des fûts lumineux,
    Comme au paradis des genèses,
    Deux serpents enroulent...

  • Au tintement de l'eau dans les porphyres roux
    Les rosiers de l'Iran mêlent leurs frais murmures,
    Et les ramiers rêveurs leurs roucoulements doux.
    Tandis que l'oiseau grêle et le frelon jaloux,
    Sifflant et bourdonnant, mordent les figues mûres,
    Les rosiers de l'Iran mêlent leurs frais murmures
    Au tintement de l'eau dans les porphyres roux.

    Sous les...

  • Midi, Roi des étés, épandu sur la plaine,
    Tombe en nappes d'argent des hauteurs du ciel bleu.
    Tout se tait. L'air flamboie et brûle sans haleine ;
    La Terre est assoupie en sa robe de feu.

    L'étendue est immense, et les champs n'ont point d'ombre,
    Et la source est tarie où buvaient les troupeaux ;
    La lointaine forêt, dont la lisière est sombre,
    Dort là-...

  • L'âpre rugissement de la mer pleine d'ombres,
    Cette nuit-là, grondait au fond des gorges noires,
    Et tout échevelés, comme des spectres sombres,
    De grands brouillards couraient le long des promontoires.

    Le vent hurleur rompait en convulsives masses
    Et sur les pics aigus éventrait les ténèbres,
    Ivre, emportant par bonds dans les lames voraces
    Les bandes...

  • Ô Cigale, née avec les beaux jours,
    Sur les verts rameaux dès l'aube posée,
    Contente de boire un peu de rosée,
    Et telle qu'un roi, tu chantes toujours !
    Innocente à tous, paisible et sans ruses,
    Le gai laboureur, du chêne abrité,
    T'écoute de loin annoncer l'été ;
    Apollôn t'honore autant que les Muses,
    Et Zeus t'a donné l'Immortalité !
    Salut,...

  • Sous un nuage frais de claire mousseline,
    Tous les dimanches au matin,
    Tu venais à la ville en manchy de rotin,
    Par les rampes de la colline.

    La cloche de l'église alertement tintait
    Le vent de mer berçait les cannes
    Comme une grêle d'or, aux pointes des savanes,
    Le feu du soleil crépitait...

    Et tandis que ton pied, sorti de la babouche,...