• Imitation d'un poète écossais.

    Oui, je me plais, Clarisse, à la saison tardive,
    Image de cet âge où le temps m'a conduit ;
    Du vent à tes foyers j'aime la voix plaintive
    Durant la longue nuit.

    Philomèle a cherché des climats plus propices ;
    Progné fuit à son tour : sans en être attristé,
    Des beaux jours près de toi retrouvant les délices,...

  • Le temps m'appelle : il faut finir ces vers.
    A ce penser défaillit mon courage.
    Je vous salue, ô vallons que je perds !
    Ecoutez-moi : c'est mon dernier hommage.
    Loin, loin d'ici, sur la terre égaré,
    Je vais traîner une importune vie ;
    Mais quelque part que j'habite ignoré,
    Ne craignez point qu'un ami vous oublie.
    Oui, j'aimerai ce rivage...

  • Le ciel est pur, la lune est sans nuage :
    Déjà la nuit au calice des fleurs
    Verse la perle et l'ambre de ses pleurs ;
    Aucun zéphyr n'agite le feuillage.
    Sous un berceau, tranquillement assis,
    Où le lilas flotte et pend sur ma tête,
    Je sens couler mes pensers rafraîchis
    Dans les parfums que la nature apprête.
    Des bois dont l'ombre, en ces prés...

  • Je voudrais célébrer dans des vers ingénus
    Les plantes, leurs amours, leurs penchants inconnus,
    L'humble mousse attachée aux voûtes des fontaines,
    L'herbe qui d'un tapis couvre les vertes plaines,
    Sur ces monts exaltés le cèdre précieux
    Qui parfume les airs, et s'approche des cieux
    Pour offrir son encens au Dieu de la nature,
    Le roseau qui frémit au...

  • Les bois épais, les sirtes mornes, nues,
    Mêlent leurs bords dans les ombres chenues.
    En scintillant dans le zénith d'azur,
    On voit percer l'étoile solitaire :
    A l'occident, séparé de la terre,
    L'écueil blanchit sous un horizon pur,
    Tandis qu'au nord, sur les mers cristallines,
    Flotte la nue en vapeurs purpurines.
    D'un carmin vif les monts sont...

  • Romance.

    Combien j'ai douce souvenance
    Du joli lieu de ma naissance !
    Ma soeur, qu'ils étaient beaux les jours
    De France !
    O mon pays, sois mes amours
    Toujours !

    Te souvient-il que notre mère,
    Au foyer de notre chaumière,
    Nous pressait sur son coeur joyeux,
    Ma chère ?
    Et nous baisions ses blancs cheveux
    Tous...

  • Le passé n'est rien dans la vie,
    Et le présent est moins encor ;
    C'est à l'avenir qu'on se fie
    Pour donner joie et trésor.
    Tout mortel dans ses yeux devance
    Cet avenir où nous courrons ;
    Le bonheur est espérance ;
    On vit, en disant : nous verrons.

    Mais cet avenir plein de charmes,
    Qu'en est-il lorsqu'il est arrivé ?
    C'est le...

  • Des vastes mers tableau philosophique,
    Tu plais au coeur de chagrins agité :
    Quand de ton sein par les vents tourmenté,
    Quand des écueils et des grèves antiques
    Sortent des bruits, des voix mélancoliques,
    L'âme attendrie en ses rêves se perd,
    Et, s'égarant de penser en penser,
    Comme les flots de murmure en murmure,
    Elle se mêle à toute la nature...

  • Autrefois le soc et l'épée
    Se rencontrèrent dans les champs ;
    De sa noblesse, elle, tout occupée,
    Ne semblait pas apercevoir les gens.
    Le soc donne un salut, sans que l'autre le rende.
    Pourquoi, dit-il, cette fierté ?
    - L'ignores-tu ? belle demande !
    Tu n'es qu'un roturier ; je suis de qualité.
    - Eh ! d'où prends-tu, dit-il, ta gentilhommerie ?
    Tu...

  • Si la mort est le but, pourquoi donc sur les routes
    Est-il dans les buissons de si charmantes fleurs ?
    Et lorsqu'au vent d'automne elles s'envolent toutes,
    Pourquoi les voir partir d'un oeil momifié de pleurs ?

    Si la vie est le but, pourquoi donc sur les routes
    Tant de pierres dans l'herbe et d'épines aux fleurs,
    Que, pendant le voyage, hélas ! nous...