• Les cloches dans leurs tours égrènent un rosaire
    Mélancolique, par l'air d'une nuit d'été.
    Or j'ai bu le poison aux yeux de la Beauté,
    Et j'ai peine à ne pas crier sous ma misère.

    Ô lourd ciboire où le damné se désaltère !
    Ô coupe d'or sanglant où dort l'eau du Léthé !...
    Les cloches dans leurs tours égrènent un rosaire
    Mélancolique, par l'air d'...

  • Qu'on ouvre la fenêtre au large, qu'on la laisse
    Large ouverte à l'air bleu qui vient avant la nuit !
    Je voudrais, ah ! marcher autour de moi sans bruit,
    Entendre ce que dit l'automne à ma tristesse ;
    Car voici la saison où la sève s'épuise.
    C'est un des derniers soirs de septembre ; la brise
    Promène sur les champs les cheveux de la Vierge ;
    L'ombre...

  • Saison fidèle aux coeurs qu'importune la joie,
    Te voilà, chère Automne, encore de retour.
    La feuille quitte l'arbre, éclatante, et tournoie
    Dans les forêts à jour.

    Les aboiements des chiens de chasse au loin déchirent
    L'air inerte où l'on sent l'odeur des champs mouillés.
    Gonflés d'humidité, les prés mornes soupirent
    En cédant sous les pieds....

  • Ce soir, sur le chemin sonore du coteau,
    Nous menons en rêvant notre amour qui frissonne
    D'une obscure tiédeur sous le même manteau.
    Ô crépuscule amer de novembre ! L'automne
    Est soucieux comme un aïeul qu'on va quitter ;
    Son souffle large et fort sur la terre endormie
    Répand de solennels adieux. Las de monter,
    Bientôt nous suspendons nos pas, ô mon...

  • J'étais couché dans l'ombre au seuil de la forêt.
    Un talus du chemin désert me séparait.
    J'écoutais s'écouler près de moi, bruit débile,
    Une source qui sort d'une voûte d'argile.
    Par ce beau jour de juin brûlant et vaporeux
    L'horizon retenait des nuages heureux.
    Des faucheurs répandus à travers la prairie
    Abattaient ses remparts d'herbe haute et...

  • Tu sommeilles ; je vois tes yeux sourire encor.
    Ta gorge, ainsi deux beaux ramiers prennent l'essor,
    Se soulève et s'abaisse au gré de ton haleine.
    Tu t'abandonnes, lasse et nue et tout en fleur,
    Et ta chair amoureuse est rose de chaleur.
    Ta main droite sur toi se coule au creux de l'aine,
    Et l'autre sur mon coeur crispe ses doigts nerveux.
    Ce...

  • La nuit écoute et se penche sur l'onde
    Pour y cueillir rien qu'un souffle d'amour ;
    Pas de lueur, pas de musique au monde,
    Pas de sommeil pour moi ni de séjour.
    Ô mère, ô Nuit, de ta source profonde
    Verse-nous, verse enfin l'oubli du jour.

    Verse l'oubli de l'angoisse et du jour ;
    Chante ; ton chant assoupit l'âme et l'onde
    Fais de ton sein...

  • Mon second Roi, j'ai une haquenée
    D'assez bon poil, mais vieille comme moi
    A tout le moins ; long temps est qu'elle est née,
    Dont elle est faible et son maître en émoi ;
    La pauvre bête, aux signes que je voi,
    Dit qu'à grand'peine ira jusqu'à Narbonne ;
    Si vous voulez en donner une bonne,
    Savez comment Marot l'acceptera ;
    D'aussi bon coeur comme...

  • Un bien petit de près me venez prendre,
    Pour vous payer : et si devez entendre
    Que je n'eus onc Anglais de votre taille.
    Car à tous coups vous criez : " baille, baille ",
    Et n'ai de quoi contre vous me défendre.

    Sur moi ne faut telle rigueur étendre,
    Car de pécune un peu ma bourse est tendre,
    Et toutefois j'en ai, vaille que vaille,
    Un bien petit....

  • Tant est subtil, et de grande efficace
    Le tien esprit, qu'il n'est homme qui fasse
    Chose qui plus honneur et los conserve.
    Et ce qu'as fait, roi, seigneur, serf ne serve
    Ne le fit onc : je mets Raison en face.

    Qui veut descendre en la vallée basse,
    Monté doit être avant en haute place :
    Mais ton esprit tout le contraire observe,
    Tant est subtil....