• D'une amitié passionnée
    Vous me parlez encor,
    Azur, aérien décor,
    Montagne Pyrénée,

    Où me trompa si tendrement
    Cette ardente ingénue
    Qui mentait, fût-ce toute nue,
    Sans rougir seulement.

    Au lieu que toi, sublime enceinte,
    Tu es couleur du temps :
    Neige en Mars ; roses du printemps...
    Août, sombre hyacinthe.

  • Toute allégresse a son défaut
    Et se brise elle-même.
    Si vous voulez que je vous aime ;
    Ne riez pas trop haut.

    C'est à voix basse qu'on enchante
    Sous la cendre d'hiver
    Ce coeur, pareil au feu couvert,
    Qui se consume et chante.

  • a. Les trois princes Pou, Lou et You,
    Ornement de la Chine,
    Voyagent. Deux vont à machine,
    Mais You, c'est en youyou.

    Il va voir l'Alboche au crin jaune
    Qui lui dit : " I love you. "
    - Elle est Française ! assure You.
    Mais non, royal béjaune.

    Si tu savais ce que c'est, You ;
    Qu'une Française, et tendre ;
    Douce à la main, douce à l'...

  • Dans Arles, où sont les Aliscams,
    Quand l'ombre est rouge, sous les roses,
    Et clair le temps,

    Prends garde à la douceur des choses.
    Lorsque tu sens battre sans cause
    Ton coeur trop lourd ;

    Et que se taisent les colombes :
    Parle tout bas, si c'est d'amour,
    Au bord des tombes.

  • Le temps irrévocable a fui. L'heure s'achève.
    Mais toi, quand tu reviens, et traverses mon rêve,
    Tes bras sont plus frais que le jour qui se lève,
    Tes yeux plus clairs.

    A travers le passé ma mémoire t'embrasse.
    Te voici. Tu descends en courant la terrasse
    Odorante, et tes faibles pas s'embarrassent
    Parmi les fleurs.

    Par un après-midi de...

  • De tout ce gala de province
    Où l'on donnait Manon,
    Je ne revois plus rien sinon
    Ta forme étrange, et mince ;

    Et lorsqu'à ce duo troublant
    Tes yeux me firent signe,
    Frissonner le frimas d'un cygne
    Sur ton bel habit blanc ;

    Sinon ton frère sur le siège
    Du fiacre vingt-et-huit
    Où tu avais l'air, dans la nuit
    D'une image de neige...

  • Toi qu'empourprait l'âtre d'hiver
    Comme une rouge nue
    Où déjà te dessinait nue
    L'arôme de ta chair ;

    Ni vous, dont l'image ancienne
    Captive encor mon coeur,
    Ile voilée, ombres en fleurs,
    Nuit océanienne ;

    Non plus ton parfum, violier
    Sous la main qui t'arrose,
    Ne valent la brûlante rose
    Que midi fait plier.

  • Sur le canal Saint-Martin glisse,
    Lisse et peinte comme un joujou,
    Une péniche en acajou,
    Avec ses volets à coulisse,
    Un caillebot au minium,
    Et deux pots de géranium
    Pour la Picarde, en bas, qui trôle.
    ..............................
    Je rêve d'un soir rouge d'or,
    Et d'un lougre hindou qui s'endort :
    - Siffle la brise... eh toi ! créole....

  • Vous qui retournez du Cathai
    Par les Messageries,
    Quand vous berçaient à leurs féeries
    L'opium ou le thé,

    Dans un palais d'aventurine
    Où se mourait le jour,
    Avez-vous vu Boudroulboudour,
    Princesse de la Chine,

    Plus blanche en son pantalon noir
    Que nacre sous l'écaille ?
    Au clair de lune, Jean Chicaille,
    Vous est-il venu voir...

  • Longtemps si j'ai demeuré seul,
    Ah ! qu'une nuit je te revoie.
    Perce l'oubli, fille de joie,
    Sors du linceul.

    D'une figure trop aimée,
    Est-ce toi, spectre gracieux,
    Et ton éclat, cette fumée
    Devant mes yeux ?

    Ta pâleur, tes sombres dentelles,
    Le bal qui berçait nos pieds las,
    Un corps qui plie entre mes bras :
    Je me...