• Vous êtes dans le vrai, canotiers, calicots !
    Pour voir des boutons d'or et des coquelicots,
    Vous partez, le dimanche, et remplissez les gares
    De femmes, de chansons, de joie et de cigares,
    Et, pour être charmants et faire votre cour,
    Vous savez imiter les cris de basse-cour.
    Vous avez la gaîté peinte sur la figure.
    Pour vous, le soir qui vient, c'est la...

  • Septembre au ciel léger taché de cerfs-volants
    Est favorable à la flânerie à pas lents,
    Par la rue, en sortant de chez la femme aimée,
    Après un tendre adieu dont l'âme est parfumée.
    Pour moi, je crois toujours l'aimer mieux et bien plus
    Dans ce mois-ci, car c'est l'époque où je lui plus.
    L'après-midi, je vais souvent la voir en fraude ;
    Et, quand j'ai dû...

  • Volupté des parfums ! ? Oui, toute odeur est fée.
    Si j'épluche, le soir, une orange échauffée,
    Je rêve de théâtre et de profonds décors ;
    Si je brûle un fagot, je vois, sonnant leurs cors,
    Dans la forêt d'hiver les chasseurs faire halte ;
    Si je traverse enfin ce brouillard que l'asphalte
    Répand, infect et noir, autour de son chaudron,
    Je me crois sur un quai...

  • Un rêve de bonheur qui souvent m'accompagne,
    C'est d'avoir un logis donnant sur la campagne,
    Près des toits, tout au bout du faubourg prolongé,
    Où je vivrais ainsi qu'un ouvrier rangé.
    C'est là, me semble-t-il, qu'on ferait un bon livre.
    En hiver, l'horizon des coteaux blancs de givre ;
    En été, le grand ciel et l'air qui sent les bois ;
    Et les rares amis, qui...

  • A la princesse D.....

    C'est un parc scandinave, aux sapins toujours verts,
    Où le vent automnal courbe les fleurs d'hivers
    Dans les vases de marbre ancien sur la terrasse ;
    Et la vierge royale en qui revit la race
    Des brumeux Suénon dont son père descend,
    L'enfant blanche aux yeux clairs, la princesse du sang,
    Immobile devant la balustrade antique,
    ...

  • Noces du samedi ! noces où l'on s'amuse,
    Je vous rencontre au bois où ma flaneuse Muse
    Entend venir de loin les cris facétieux
    Des femmes en bonnet et des gars en messieurs
    Qui leur donnent le bras en fumant un cigare,
    Tandis qu'en un bosquet le marié s'égare,
    Souvent imberbe et jeune, ou parfois mûr et veuf,
    Et tout fier de sentir, sur sa manche en...

  • Devant le frais cottage au gracieux perron,
    Sous la porte que timbre un tortil de baron,
    Debout entre les deux gros vases de faïence,
    L'amazone, déjà pleine d'impatience,
    Apparaît, svelte et blonde, et portant sous son bras
    Sa lourde jupe, avec un charmant embarras.
    Le fin drap noir étreint son corsage, et le moule ;
    Le mignon chapeau d'homme, autour duquel s...

  • La douleur aiguise les sens ;
    - Hélas ! ma mignonne est partie ! -
    Et dans la nature je sens
    Une secrète sympathie.

    Je sens que les nids querelleurs
    Par égard pour moi se contraignent,
    Que je fais de la peine aux fleurs
    Et que les étoiles me plaignent.

    La fauvette semble en effet
    De son chant joyeux avoir honte,
    Le lys sait le...

  • De la rue on entend sa plaintive chanson.
    Pâle et rousse, le teint plein de taches de son,
    Elle coud, de profil, assise à sa fenêtre.
    Très sage et sachant bien qu'elle est laide peut-être,
    Elle a son dé d'argent pour unique bijou.
    Sa chambre est nue, avec des meubles d'acajou.
    Elle gagne deux francs, fait de la lingerie
    Et jette un sou quand vient l'orgue de...

  • C'est l'heure exquise et matinale
    Que rougit un soleil soudain.
    A travers la brume automnale
    Tombent les feuilles du jardin.

    Leur chute est lente. Ou peut les suivre
    Du regard en reconnaissant
    Le chêne à sa feuille de cuivre,
    L'érable à sa feuille de sang.

    Les dernières, les plus rouillées,
    Tombent des branches dépouillées :
    ...