• Jeune et vaillant héros, dont la haute sagesse
    N'est point le fruit tardif d'une lente vieillesse,
    Et qui seul, sans ministre, à l'exemple des dieux,
    Soutiens tout par toi-même, et vois tout par tes yeux,
    GRAND ROI, si jusqu'ici, par un trait de prudence,
    J'ai demeuré pour toi dans un humble silence,
    Ce n'est pas que mon coeur, vainement suspendu,
    Balance...

  • Laborieux valet du plus commode maître
    Qui pour te rendre heureux ici-bas pouvait naître,
    Antoine, gouverneur de mon jardin d'Auteuil,
    Qui diriges chez moi l'if et le chèvrefeuil,
    Et sur mes espaliers, industrieux génie,
    Sais si bien exercer l'art de La Quintinie ;
    Ô ! que de mon esprit triste et mal ordonné,
    Ainsi que de ce champ par toi si bien orné.
    ...

  • Ici, je ne bâtis pas
    D'une main industrieuse,
    A la ligne et au compas,
    Une maison somptueuse.

    Ici, je ne veux chanter
    L'orgueil de quelque édifice,
    Ni l'ouvrage retenter
    D'un ancien frontispice.

    Autre que moi, mieux appris
    En cette magnificence,
    Chante l'honneur et le prix
    Et la superbe excellence.

    D'un...

  • Au temps heureux où régnait l'innocence
    On goûtait, en aimant, mille et mille douceurs
    Et les amants ne faisaient de dépense
    Qu'en soins et qu'en tendres ardeurs.
    Mais aujourd'hui, sans l'opulence,
    Il faut renoncer aux plaisirs :
    Un amant qui ne peut dépenser qu'en soupirant
    N'est plus payé qu'en espérance.

  • Pourquoi, Seigneur, les hirondelles,
    Si bas, puis si haut volent-elles :
    Qu'en savent-elles,
    Qu'en sais-je ? rien.

    Et moi, pourquoi gai, puis morose,
    Pourquoi mes vers, pourquoi ma prose,
    Pourquoi sous mes doigts cette rose,
    Qu'en sais-je ? rien.

  • Bon Suisse expatrié, la tristesse te gagne,
    Loin de ton Alpe blanche aux éternels hivers ;
    Et tu songes alors aux prés de fleurs couverts,
    A la corne du pâtre, au loin, dans la montagne.

    Lassé parfois, je fuis la ville comme un bagne,
    Et son ciel fin, miré dans la Seine aux flots verts.
    Mais c'est là que mes yeux d'enfant se sont ouverts,
    Et le mal du...

  • Prisonnier d'un bureau, je connais le plaisir
    De goûter, tous les soirs, un moment de loisir.
    Je rentre lentement chez moi, je me délasse
    Aux cris des écoliers qui sortent de la classe ;
    Je traverse un jardin, où j'écoute, en marchant,
    Les adieux que les nids font au soleil couchant,
    Bruit pareil à celui d'une immense friture.
    Content comme un enfant qu'on...

  • Hélas ! la chimère s'envole
    Et l'espoir ne m'est plus permis ;
    Mais je défends qu'on me console.

    Ne me plaignez pas, mes amis.
    J'aime ma peine intérieure
    Et l'accepte d'un coeur soumis.

    Ma part est encor la meilleure,
    Puisque mon amour m'est resté ;
    Ne me plaignez pas si j'en pleure.

    A votre lampe, aux soirs d'été,
    Les...

  • Je n'ai jamais compris l'ambition. Je pense
    Que l'homme simple trouve en lui sa récompense,
    Et le modeste sort dont je suis envieux,
    Si je travaille bien et si je deviens vieux,
    Sans que mon coeur de luxe ou de gloire s'affame,
    C'est celui d'un vieil homme avec sa vieille femme,
    Aujourd'hui bons rentiers, hier petits marchands,
    Retirés tout au bout du...

  • Hors du coffret de laque aux clous d'argent, parmi
    Les fleurs du tapis jaune aux nuances calmées,
    Le riche et lourd collier qu'agrafent deux camées,
    Ruisselle et se répand sur la table à demi.

    Un oblique rayon l'atteint. L'or a frémi.
    L'étincelle s'attache aux perles parsemées,
    Et midi darde moins de flèches enflammées
    Sur le dos somptueux d'un...