• Ne vous offensez point, belle ame de mon ame,
    De voir qu'en vous aymant j'ose plus qu'il ne faut :
    C'est bien trop haut voller, mais estant tout de flame
    Ce n'est rien de nouveau si je m'éleve en haut.

    Comme l'on voit qu'au ciel le feu tend et s'élance,
    Au ciel de vos beautez je tens pareillement :
    Mais luy c'est par nature, et moy par cognoissance ;...

  • ... Ah ! fille sans amour, ou du moins sans constance,
    Pourquoy paissant mon coeur d'une vaine espérance,
    Me juras-tu jamais que mon feu te plaisoit,
    Et qu'un mesme desir ta poitrine embrasoit ?
    Pourquoy soufflant l'ardeur de ma flamme insensée
    M'asseuras-tu jamais que j'estois ta pensée :
    Et que ta seule amour bruslant trop vivement
    Ne nous permettoit point...

  • Je n'ay veu qu'à regret la clarté du Soleil,
    Et rien tant soit-il beau n'a mon ame ravie,
    Depuis qu'en soupirant j'éloignay ce bel oeil,
    De qui la seule veuë est tout l'heur de ma vie.

    Les jours les plus luisants me sont obscures nuits,
    Que je passe en tristesse et complaintes funebres,
    Ne pouvant le ciel mesme, au fort de tant d'ennuis,
    Illuminer le...

  • Comme alors que le jour c'est caché sous la terre,
    Le soucy plus ouvert se referme et reserre,
    Dedaigneux de laisser regarder à son oeil
    D'autres flammes au Ciel que celles du Soleil :
    Ainsi quand les malheurs qui traversent ma vie
    M'ont de vostre bel oeil la presence ravie,
    Le mien se fermeroit, dolent de ne voir rien
    Qui ne semble exprimer la perte de son...

  • Suivez-moi, Marquise,
    Parmi les parfums et la brise,
    Vers le Temple d'Amour
    Qui nous sourit aux derniers rais du jour,
    Suivez-moi, Bergère,
    Parmi la mousse et la fougère,

    Et les fleurs s'ouvrant sous vos pas,
    Diront: " d'Amour, la mère
    Est plus sévère,
    Et Flore a moins d'appas ! "
    Venez sous l'aubépine rose,
    Moins rose que ta...

  • Ta lèvre est une boisson fraîche
    Qui brûle mon coeur !
    L'anémone rose et la pêche
    Se mêlent sur ta joue en fleur !

    Ton regard, sous ta chevelure,
    Eclair dans la nuit !
    Raya mon coeur d'une félure
    D'où ma force vers toi s'enfuit !

    Fleur de grenade et rose blanche,
    Ô " Charme du Jour ! "
    Les balancements de ta hanche
    Scandent...

  • Hier comme aujourd'hui, ce soir comme demain,
    Je t'adore !
    Quand je vois ton regard, quand je frôle ta main,
    C'est l'aurore !
    Qui donc nous avait dit que le monde est méchant,
    Que l'on souffre,
    Que la vie est un pont qui tremble, se penchant
    Sur un gouffre ?
    Où donc sont les ennuis, les erreurs, les dangers,
    Les désastres ?
    Avril gazouille et...

  • C'est un oiseau du bois sauvage
    Qui m'a dit : " Tu l'aimeras toujours. "
    C'est une vague du rivage
    Qui m'a dit : " Renonce à tes amours... "
    Mais cet oiseau du bois sauvage
    M'a bien dit : " Tu l'aimeras toujours ! "

    Pour une fleur de ta ceinture
    J'ai donné ma vie et mon repos.
    Loin de tes yeux le temps me dure !
    Je languis pour tes regards si...

  • Ces six oeillets mêlés en cette guise
    Vous sont par moi ce matin envoyés,
    Pour vous montrer, par ceux de couleur grise,
    Que j'ai du mal plus que vous n'en croyez ;
    Vous suppliant que vous y pourvoyiez,
    Les rouges sont plainte en l'autre moitié,
    Non point de vous, mais du Dieu sans pitié
    Qui de mon sang prend vie et nourriture ;
    Et tous ensemble,...

  • Vous que second la noble France honore,
    Pouvez cueillir par ces prez florissans
    Oeilletz pour vous seul s'espanouyssans,
    Escloz ensemble avec la belle Aurore ;

    Pour vostre front le rosier se colore,
    Dont les chappeaux si hault lieu cognoissans,
    Forment boutons de honte rougissans,
    Sçachant que mieulx vous appartient encore.

    Ceincte de...