• Je suis en même temps et de glace et de flamme,
    La crainte et le désir accompagnent mes pas,
    Ma peine a ses plaisirs, mon mal a ses appas
    Et ma propre douleur me tient lieu de dictame.

    En cet étrange état où souvent je me pâme,
    J'ignore également la vie et le trépas.
    Les endroits où je suis, c'est où je ne suis pas
    Et j'ai du mouvement, bien que je...

  • Philis, les yeux en pleurs et le coeur en tristesse,
    Implore le secours de notre charité
    Et ne brille pas moins au fort de sa détresse
    Qu'un astre qui reluit parmi l'obscurité.

    Sa seule nudité découvre sa richesse.
    Plus on voit de son corps, plus on voit de beauté,
    Sa pompe est toute en elle et comme une déesse,
    Elle doit son éclat à sa propre clarté....

  • Si tôt que j'eus quitté les délices du port
    Et d'un oeil affligé pris congé du rivage,
    J'appris que de la mer l'infidèle passage
    Était peu différent de celui de la mort.

    Les ondes contre moi firent un tel effort
    Et d'un si rude choc vainquirent mon courage
    Qu'au moindre de mes maux, si j'eusse fait naufrage,
    J'en eusse rendu grâce à la bonté du sort....

  • Le silence régnait sur la terre et sur l'onde,
    L'air devenait serein et l'Olympe vermeil,
    Et l'amoureux Zéphire affranchi du sommeil
    Ressuscitait les fleurs d'une haleine féconde.

    L'Aurore déployait l'or de sa tresse blonde,
    Et semait de rubis le chemin du Soleil ;
    Enfin ce dieu venait au plus grand appareil
    Qu'il soit jamais venu pour éclairer le...

  • L'étoile de Vénus si brillante et si belle,
    Annonçait à nos yeux la naissance du jour,
    Zéphire embrassait Flore, et soupirant d'amour,
    Baisait de son beau sein la fraîcheur éternelle.

    L'Aurore allait chassant les ombres devant elle,
    Et peignait d'incarnat le céleste séjour,
    Et l'astre souverain revenant à son tour,
    Jetait un nouveau feu dans sa course...

  • Quand Philis chaque jour inventait quelque outrage
    Pour troubler mes désirs et mon contentement,
    Il semblait qu'à l'envi d'un si rude tourment
    Mon amour augmentait sa fureur et sa rage.

    Maintenant que le ciel a calmé cet orage,
    Qu'elle brûle pour moi d'un vif embrasement,
    Les visibles ardeurs de son feu véhément,
    Au lieu de m'enflammer, me glacent le...

  • Cloris dont la présence à mes yeux est si chère
    Et dont l'éloignement est si rude à mon coeur,
    Mon sort est si cruel qu'il n'est point de rigueur
    Dont la mer contre moi n'ait montré sa colère.

    Mes yeux pour quelque temps perdirent la lumière,
    La faiblesse me prit, je devins en langueur
    Et mon corps tout glacé n'ayant plus de vigueur,
    De la barque où...

  • Que Parténice est belle, encor qu'elle soit noire !
    C'est le plus digne objet où s'adressent nos voeux ;
    A l'ébène éclatant qui luit en ses cheveux,
    L'or, et l'ambre ont cédé l'honneur de la victoire.

    Quelle si blanche main, ou d'albâtre ou d'ivoire ,
    De ses liens si noirs peut défaire les noeuds ?
    Quelle clarté de teint brille de tant de feux
    Que les...

  • Par les sablons, par les roches désertes,
    Dont les os durs ces châteaux ont murés,
    Par les hautes étables vertes
    Des cerfs, du vilain assurés,
    Maigre, ennuyé, lassé, me repromène,
    Chargé du soin qu'à nos Dieppois je doi,
    Mais, surtout, me poise la peine
    D'être, Sibille, loin de toi.
    Ni les jardins, ni la fontaine vive,
    Nommant ce lieu du nom...

  • Chanson

    Une fille
    Qui toujours sautille,
    Dont l'air agaçant
    Annonce un feu naissant,
    Ferme, franche,
    Beaux yeux, gorge blanche ;
    Cet objet est tout
    Ce qui flatte mon goût.

    Morbleu ! quand je vois
    Certaine Lucrèce
    Qui des lois
    D'une austère sagesse
    M'entretient,
    Et cent fois me tient
    De ces propos
    Sensés...