• Je n'ai vu ni Venise un soir à sa gondole,
    Ni Naples, ni l'Etna : pourtant, je m'en console !
    Car j'ai vu, rayonnant au soleil de midi,
    Québec, perché là-haut comme un aigle hardi.
    Je l'ai vu panaché de verglas et de brume,
    Et je l'ai vu l'été sous son plus beau costume.
    Mais je l'ai vu, surtout, le soir, quand le soleil
    Teint tous ses horizons de pourpre...

  • Enfants, le ciel, le ciel sur nos campagnes
    A déployé de bien vives couleurs.
    Sur nos lacs bleus, sur nos vertes montagnes,
    Le ciel répand ses plus riches splendeurs.
    Soit que la neige à nos bois étincelle,
    Soit que l'été rayonne sur nos bords, -
    Oh ! la patrie, oh ! la patrie est belle :
    Ô Canada, je t'aime avec transports !

    Un sang choisi, le...

  • Le ciel avoit decouvert ses beaux yeus,
    Pour eclairer la nuit sombre et obscure,
    Quand j'apperceu la vive pourtraiture
    De celle, ou git mon espoir gracieus.

    Je fu trompé par l'espoir radieus
    Que ses flambeaux jettoient à l'avanture,
    Sur le plus haut de ma propre stature,
    Qui luy servoit d'objet delicieus.

    Si lustre étoit, et limpide sa...

  • Si nôtre cors est la prison de l'ame,
    Ou elle fait quelque tems sa demeure :
    Il faut apres, qu'elle en est hors, il meure,
    Elle spirant toujours celeste flame.

    La terre est doncq' le cercueil et la lame
    Du cors, qui mort ensepulchré demeure,
    En attendant l'incertaine-extreme heure
    Du jugement, que Juppiter nous trame.

    Le cors fragil,...

  • L'anneau madré qui le doigt environne,
    Le petit doigt de vôtre main senestre
    Par sa rondeur, le parfait de son estre,
    L'heureuse fin de nos amours couronne.

    Pourquoy est-ce que souvent je m'étonne
    D'avoir mon coeur en si bon lieu pu mettre,
    Que je n'en soy' aucunement plus maistre,
    Et moins de moy, qui le vous abandonne ?

    Faites ainsi du...

  • En guise d'arc en ciel, le dimanche matin,
    Neufiesme jour d'octobre apparut une dame :
    Son oeil estoit si clair que de sa vive flame,
    Il eut pu faire fondre un roc diamantin.

    Tout le peuple flechit son courage mutin
    Esprit de grand' merveille, et jetta l'oeil et l'ame
    Bien hautement en l'air ou l'horison s'enflamme,
    De ceste impression que formoit...

  • Pour fêter le retour normal de l'âpre hiver,
    J'ai gravi, dès le jour, ma montagne rouillée.
    Le vent du nord-ouest a souffle tout hier.

    J'en voulais savourer la rafale mouillée,
    Jeux de pluie aux clartés du ravin partiel,
    Sur le treillis brumeux des branches dépouillées.

    La lumière est instable aux décors irréels
    Des vallons d'ombre...

  • " Mon lit est parfumé d'aloès et de myrrhe ;
    " L'odorant cinnamome et le nard de Palmyre
    " Ont chez moi de l'Egypte embaumé les tapis.
    " J'ai placé sur mon front et l'or et le lapis ;
    " Venez, mon bien-aimé, m'enivrer de délices
    " Jusqu'à l'heure où le jour appelle aux sacrifices :
    " Aujourd'hui que l'époux n'est plus dans la cité,
    " Au nocturne bonheur soyez...

  • "Déjà, mon jeune époux ? Quoi ! l'aube paraît-elle ?
    Non ; la lumière, au fond de l'albâtre, étincelle
    Blanche et pure, et suspend son jour mystérieux ;
    La nuit règne profonde et noire dans les cieux,
    Vois, la clepsydre encor n'a pas versé trois heures :
    Dors près de ta Néra, sous nos chastes demeures ;
    Viens, dors près de mon sein." Mais lui, furtif et lent,...

  • Depuis le premier jour de la création,
    Les pieds lourds et puissants de chaque Destinée
    Pesaient sur chaque tête et sur toute action.

    Chaque front se courbait et traçait sa journée,
    Comme le front d'un boeuf creuse un sillon profond
    Sans dépasser la pierre où sa ligne est bornée.

    Ces froides déités liaient le joug de plomb
    Sur le crâne et les yeux...