• Tu m'as connue au temps des roses,
    Quand les colombes sont écloses ;
    Tes yeux alors pleins de soleil
    Ont brillé sur mon teint vermeil.
    Souriant à ma destinée,
    Par ta douce force entraînée,
    Je ne t'aimai pas à demi,
    Mon jeune ami, mon seul ami !

    À l'étonnement de nos âmes
    Tout jetait des fleurs et des flammes ;
    Une feuille, un bruit de...

  • N'écris pas. Je suis triste, et je voudrais m'éteindre.
    Les beaux étés sans toi, c'est la nuit sans flambeau.
    J'ai refermé mes bras qui ne peuvent t'atteindre,
    Et frapper à mon coeur, c'est frapper au tombeau.
    N'écris pas !

    N'écris pas. N'apprenons qu'à mourir à nous-mêmes.
    Ne demande qu'à Dieu... qu'à toi, si je t'aimais !
    Au fond de ton absence...

  • Ô délire d'une heure auprès de lui passée,
    Reste dans ma pensée !
    Par toi tout le bonheur que m'offre l'avenir
    Est dans mon souvenir.

    Je ne m'expose plus à le voir, à l'entendre,
    Je n'ose plus l'attendre,
    Et si je puis encor supporter l'avenir,
    C'est par le souvenir.

    Le temps ne viendra pas pour guérir ma souffrance,
    Je n'ai plus d'...

  • À André Borel.

    Pauvre bougre !
    JULES JANIN.


    Là dans ce sentier creux, promenoir solitaire
    De mon clandestin mal,
    Je viens tout souffreteux, et je me couche à terre
    Comme un brute animal.
    Je viens couver ma faim, la tête sur la pierre,
    Appeler le sommeil.
    Pour étancher un peu ma brûlante paupière ;
    Je viens user mon écot de...

  • (à Gérard, poète)

    Sous le soleil torride au beau pays créole,
    Où l'Africain se courbe au bambou de l'Anglais,
    Encontre l'ouragan, le palmier qui s'étiole
    Aux bras d'une liane unit son bois épais.

    En nos antiques bois, le gui, saint parasite,
    Au giron d'une yeuse et s'assied et s'endort ;
    Mêlant sa fragile herbe, et subissant le sort
    Du tronc...

  • La faim mit au tombeau Malfilâtre ignoré.
    GILBERT.


    À mon air enjoué, mon rire sur la lèvre,
    Vous me croyez heureux, doux, azyme et sans fièvre,
    Vivant, au jour le jour, sans nulle ambition,
    Ignorant le remords, vierge d'affliction ;
    À travers les parois d'une haute poitrine,
    Voit-on le coeur qui sèche et le feu qui le mine ?
    Dans une...

  • J'habite la montagne et j'aime à la vallée.
    LE VICOMTE D'ARLINCOURT.


    Ô toi, dont j'avais fait l'emplette
    Pour danse au bois neige-noisette !
    L'as-tu toujours, ma Jeanneton,
    Ton jupon blanc, ton blanc jupon ?

    Pour quelque muscadin, matière à comédie,
    Ne va pas m'oublier dans ce coquet bazar,
    Où tu trône au comptoir. Colombine...

  • À LÉON CLOPET, architecte.

    "Voici, je m'en vais faire une chose nouvelle
    qui viendra en avant ; et les bêtes des champs,
    les dragons et les chats-huants me glorifieront."
    La Bible.


    Quand ton Petrus ou ton Pierre
    N'avait pas même une pierre
    Pour se poser, l'oeil tari,
    Un clou sur un mur avare
    Pour suspendre sa guitare, -
    ...

  • L'ETERNEL FARDEAU"

    Il est, mon frère, un meuble sombre
    Qu'en t'éveillant tu vois d'abord :
    La nuit dans ta chambre est encor, -
    Tu vois au mur la croix dans l'ombre !

    Il faut la porter tout le jour.
    Mais elle est douce, elle rayonne,
    Mais de fleurs la croix se couronne
    Pour qui la porte avec amour !

    Le Bon Dieu, de ses mains...

  • Par la brise d'automne à la forêt volée,
    Une feuille d'érable erre dans la vallée :
    Papillon fantastique aux ailes de carmin !
    Un enfant, qui folâtre au pied de la colline,
    S'élance pour saisir cette feuille divine :
    Enfin, la feuille est dans sa main.

    Ne méprisez pas, je vous prie,
    Cette feuille rouge et flétrie,
    Léger débris de la forêt :
    ...