• C'est trop pleuré, c'est trop suivi tristesse,
    Je veux en joie ébattre ma jeunesse,
    Laquelle encor comme un printemps verdoie :
    Faut-il toujours qu'à l'étude on me voie ?
    C'est trop pleuré.

    Mais que me sert d'entendre par science
    Le cours des cieux, des astres l'influence,
    De mesurer le ciel, la terre et l'onde,
    Et de voir même en un papier le...

  • Qui d'un poëte entend suivre la trace
    En traduisant, et proprement rimer,
    Ainsi qu'il faut la diction limer,
    Et du françois garder la bonne grace,

    Par un moyen luy conviendra qu'il face
    Egale au vif la peinture estimer
    L'art en tous pointz la Nature exprimer
    Et d'un corps naistre un corps de mesme face :

    Mais par sus tout met son...

  • Paix je ne trouve, et n'ay dont faire guerre :
    J'espere et crain, je brulle, et si suis glace
    Je vole au Ciel, et gis en basse place :
    J'embrasse tout, et rien je ne tien serre.

    Tel me tient clos, qui ne m'ouvre n'enserre,
    De moy n'a cure, et me tourne la face :
    Vif ne me veut, et l'ennuy ne m'efface
    Et ne m'occit Amour ny ne desserre.

    Je...

  • Ce que ma Muse en vers a peu chanter
    Ce qu'en François des autheurs a traduit
    Et ce qu'ell'a d'elle mesme produit,
    Elle vous vient maintenant presenter,

    Et s'elle peut vostre esprit contenter,
    Ainsi qu'espoir et desir la conduit,
    De son grand heur, de sa gloire et bon bruit
    A tout jamais se pourra bien venter

    Car ceux qui sont...

  • Amour au coeur déjà me fait sentir
    Des ans passés un honteux repentir
    Qui me faisait ignorer sa puissance :
    Déjà en moi je me sens accusé
    D'ainsi avouer de ma vie abusé,
    Me repaissant de fausse jouissance.

    J'étais content, mais pour rien ne vouloir ;
    J'étais joyeux de point ne me douloir ;
    Mon heur passait sans que je l'aperçusse,
    Je...

  • Elle m'avait un jour mon coeur rendu,
    Non pas rendu, prêté, que dois-je dire ?
    J'avais mon coeur, et moi fier et de rire
    Comme d'un don des hauts cieux descendu.

    Mais, ô dur prêt, je l'ai brièvement dû,
    Car tout soudain elle à soi le retire
    Puis le me geint et puis le me martyre.
    Ris malheureux, que tu m'es cher vendu !

    Que pensait-elle...

  • Tant plus je vois que vous blâmez
    Sa noble discipline,
    Plus à l'aimer vous enflammez
    Ma volonté encline.

    Car ce qui a moins de suivants,
    D'autant plus il est rare,
    Et est la chose entre vivants
    Dont on est plus avare.

    Il n'est pas en votre puissance
    Qu'y soyez adonnés ;
    Car le ciel dès votre naissance
    Vous en a détournés ;...

  • Alors que la merveille aurore
    Le bord de notre ciel colore
    L'alouette, en ce même point,
    De sa gentille voix honore
    La faible lumière qui point.

    Tant plus ce blanc matin éclaire
    Plus d'elle la voix se fait claire ;
    Et semble bien, qu'en s'efforçant,
    D'un bruit vif elle veuille plaire
    Au soleil qui se vient haussant.

    Elle guindée de...

  • Devant les dieux de clémence et concorde
    Et devant toi, fille non comparable,
    De qui mon âme attend miséricorde,
    Je fais un voeu solennel et durable.
    Que la grand' grâce en ton corps admirable
    Ne me fait point poursuivre ta merci,
    Non ta beauté sur Hélène exemplable,
    Non ta maison, non ta richesse aussi ;
    Mais tes vertus sans plus me font transi...

  • Ci-dessous gît, or écoutez merveilles,
    Le grand meurtrier et tirant de bouteilles,
    L'anti-Bacchus, le cruel vinicide
    Qui ne souffrit verre onques plein ni vide ;
    Je tais son nom, car il put trop au vin.
    Mais il avait en ce l'esprit divin
    Qu'en le voyant il altérait les hommes,
    Et haïssait lait, cerises et pommes,
    Figues, raisins, et tout autre...