• Enfin ce traître Amour qui semblait désarmé
    Reprend force en mon coeur, et recouvre sa gloire,
    Je sens encore les feux dont je fus enflammé,
    Et si j'ai triomphé c'est avant la victoire.

    Ce beau soleil d'Amour pour un temps obscurci,
    Que les dédains couvraient comme un épais nuage,
    Rendant de ses rayons tout le ciel éclairci,
    A chassé les brouillas...

  • Quand au dernier sommeil la Vierge eust clos les yeux,
    Les Anges qui veilloyent autour de leur maistresse,
    Esleverent son corps en la gloire des Cieux,
    Et les Cieux furent pleins de nouvelle allegresse.

    Les plus hauts Séraphins à son advenement
    Sortoient au devant d'elle et luy cedoient la place,
    Se sentant tous ravis d'aise et d'estonnement
    De...

  • Cheveux crêpes et longs où mon coeur se désire
    Aise d'être enlacé d'un ferme enlacement,
    Bouche au teint vermeillet où mon contentement
    Se voit peint sur ton bord qui le basme soupire,

    Beaux yeux, mes doux flambeaux par qui seuls je respire,
    Beauté, le seul objet de mon entendement,
    Vous voyant un désir m'enflamme doucement,
    Qui du vulgaire lourd...

  • Amour m'a découvert une beauté si belle
    Que je brûle et englace et en me consumant
    J'éprouve, tant me plaît ma flamme et mon tourment,
    Que qui meurt en aimant reprend vie immortelle.

    Comme l'unique oiseau de cette ardeur nouvelle
    Je renais, et ma flamme et son nom chèrement
    Je porte sur le dos au front du firmament
    Pour les faire reluire en sa...

  • Dieu ! que je suis heureux quand je baise à loisir
    Le pourpre soupirant de tes lèvres mollettes,
    Quand nous faisons frayer le bout de nos languettes
    D'une humide rencontre, ô Dieu, que de plaisir !

    Dieu ! que je suis heureux quand, ardent de désir,
    Je sens à petits flots les humeurs doucelettes
    De ta langue couler sur tes lèvres pourprettes ;
    D'un...

  • Je suis si transporté d'aise et d'étonnement
    Quand j'entre dans ces bois, les loges éternelles
    De Pan et des Sylvains et des Dryades belles,
    Qu'oubliant qui je suis, je perds le sentiment.

    Puis lorsque je reviens d'un tel ravissement,
    Plein d'admiration, par des sentes nouvelles,
    Tout ému, je m'égare où mes pensées fidèles
    Et mes désirs aimés me...

  • Mon dieu ! que de plaisir il y a de songer !
    J'ai songé cette nuit, ô ma chère maîtresse,
    Que je baisais ton sein, que je peignais ta tresse,
    Et qu'aux jeux amoureux je me sentais plonger.

    Noire Nuit, tu devais cette nuit allonger,
    Pour me faire jouir d'une si grand' liesse.
    Aurore, tu devais sommeiller en paresse
    Auprès de ton vieillard, sans du...

  • Que des sombres Enfers les tremblantes horreurs
    Viennent m'environner, les cavernes affreuses,
    Les fleuves ensoufrés, les âmes malheureuses,
    La mort, l'effroi, la peur, la rage et les fureurs,

    Que je sois assailli des horribles terreurs
    Du chien à trois gosiers, des Dires serpenteuses,
    Des fantômes volants et des ombres hideuses,
    De Titye étendu...

  • Peintre, avant que d'oser pourtraire
    Ma dame et de la contrefaire,
    Élève ton esprit aux cieux,
    Va là-haut apprendre des dieux
    Et des déesses immortelles
    Comme on peint les beautés plus belles,
    Puis de ton délié pinceau,
    Trace-moi dedans ce tableau
    Cette beauté que tant je prise,
    Et dont mon âme est tant éprise.
    Sus donc, détrempe tes...

  • Celui ne suis-je point, divine chasseresse,
    Qui veneur effronté t'aperçut dedans l'eau,
    Comme tu te baignais avecques ton troupeau,
    Veneur rendu la proie à sa meute traîtresse.

    De chasser n'ai-je garde étant pris en la tresse
    D'un or qui plus me tient d'autant qu'il est plus beau,
    Mais je le voudrais bien, et Actéon nouveau
    Mourir tout d'une fois...