Comme le jour depend du soleil qui l'enflame,
Les fleuves de la mer, de son tige la fleur,
L'intellect de l'esprit, du baume son odeur,
L'humidité de l'eau, la chaleur de la flame ;
Ainsi de l'estre humain, la non mortelle trame
Depend, et beaucoup mieux du grand Tout son autheur,
Il est de nos esprits l'esprit et le moteur,
Vie de nostre vie, et...
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Au temps d'hiver qu'il faisait fâcheux temps
Et très grand froid, ainsi comme j'entends,
Nouvelleter lui prit en fantaisie
Un certain jour devant la bourgeoisie.
Car sa chemise au soir il fit tremper
Et mettre au vent pour de mieux l'attromper ;
Dont lendemain était toute glacée,
Et de glaçons partout entrelacée.
Or en ce point il la prit et... -
Sur la constance de son amitié
Amarillis toute pleine de grâce
Allait ces bords de ces fleurs dépouillant,
Mais sous la main qui les allait cueillant,
D'autres soudain renaissaient en leur place.
Ces beaux cheveux où l'Amour s'entrelasse,
Amour allait d'un doux air éveillant,
Et s'il en voit quelqu'un s'éparpillant,
Tout curieux soudain... -
Si l'on me dédaigne, je laisse
La cruelle avec son dédain,
Sans que j'attende au lendemain
De faire nouvelle maîtresse ;
C'est erreur de se consumer
À se faire par force aimer.
Le plus souvent ces tant discrètes
Qui vont nos amours méprisant
Ont au coeur un feu plus cuisant ;
Mais les flammes en sont secrètes,
Que pour d'autres... -
Dessus les bords d'une fontaine
D'humide mousse revêtus,
Dont l'onde à maints replis tortus
S'allait égarant dans la plaine,
Un berger se mirant en l'eau
Chantait ces vers au chalumeau :
Cessez un jour, cessez, la belle,
Avant ma mort d'être cruelle.
Se peut-il qu'un si grand supplice
Que pour vous je souffre en aimant,
Si les... -
Sonnet
Elle feint de m'aimer, pleine de mignardise,
Soupirant après moi, me voyant soupirer,
Et par de feintes pleurs témoigne d'endurer
L'ardeur que dans mon âme elle connaît éprise.
Le plus accort amant, lorsqu'elle se déguise,
De ses trompeurs attraits ne se peut retirer :
Il faut être sans coeur pour ne point désirer
D'être si... -
À la fin celui l'aura
Qui dernier la servira.
De ce coeur cent fois volage,
Plus que le vent animé,
Qui peut croire d'être aimé
Ne doit pas être cru sage
Car enfin celui l'aura
Qui dernier la servira.
A tous vents la girouette,
Sur le faîte d'une tour,
Elle aussi vers tout amour
Tourne le coeur et la tête
À la fin celui... -
Ici, je ne bâtis pas
D'une main industrieuse,
A la ligne et au compas,
Une maison somptueuse.
Ici, je ne veux chanter
L'orgueil de quelque édifice,
Ni l'ouvrage retenter
D'un ancien frontispice.
Autre que moi, mieux appris
En cette magnificence,
Chante l'honneur et le prix
Et la superbe excellence.
D'un... -
Belle qui tiens ma vie
Captive dans tes yeux,
Qui m'as l'âme ravie
D'un souris gracieux.
Viens tôt me secourir,
Ou me faudra mourir.
Pourquoi fuis-tu, mignarde,
Si je suis près de toi ?
Quand tes yeux je regarde,
Je me perds dedans moi !
Car tes perfections
Changent mes actions.
Tes beautés et ta grâce
Et tes divins... -
Diane, en couche, se sentant
De la rude mort assaillie,
Et déjà du tout lui étant
Là vive parole faillie
A son mari de main pâlie
Montre un beau fils, produit à l'heure,
Comme voulant dire: « Ne pleure
Avecques l'adieu d'un baiser,
Ce bel enfant qui te demeure,
Sera pour ton deuil apaiser ».