• La grecque poésie orgueilleuse se vante
    Du los* qu'à son Homère Alexandre donna,
    Et les vers que César de Virgile sonna,
    La latine aujourd'hui les chante et les rechante.

    La française qui n'est tant que ces deux savante,
    Comme qui son Homère et son Virgile n'a,
    Maintient que le laurier qui François couronna
    Baste seul pour la rendre à tout jamais...

  • Ce n'est l'ambition, ni le soin d'acquérir,
    Qui m'a fait délaisser ma rive paternelle,
    Pour voir ces monts couverts d'une neige éternelle,
    Et par mille dangers ma fortune quérir.

    Le vrai honneur, qui n'est coutumier de périr,
    Et la vraye vertu, qui seule est immortelle,
    Ont comblé mes désirs d'une abondance telle,
    Qu'un plus grand bien aux dieux je ne...

  • Nouveau venu, qui cherches Rome en Rome
    Et rien de Rome en Rome n'aperçois,
    Ces vieux palais, ces vieux arcs que tu vois,
    Et ces vieux murs, c'est ce que Rome on nomme.

    Vois quel orgueil, quelle ruine : et comme
    Celle qui mit le monde sous ses lois,
    Pour dompter tout, se dompta quelquefois,
    Et devint proie au temps, qui tout consomme.

    Rome de...

  • Si la vertu, qui est de nature immortelle,
    Comme immortelles sont les semences des cieux,
    Ainsi qu'à nos esprits, se montrait à nos yeux,
    Et nos sens hébétés étaient capables d'elle,

    Non ceux-là seulement qui l'imaginent telle,
    Et ceux auxquels le vice est un monstre odieux,
    Mais on verrait encor les mêmes vicieux
    Epris de sa beauté, des beautés la...

  • Ce n'est pas sans propos qu'en vous le ciel a mis
    Tant de beautés d'esprit et de beautés de face,
    Tant de royal honneur et de royale grâce,
    Et que plus que cela vous est encor promis.

    Ce n'est pas sans propos que les destins amis,
    Pour rabaisser l'orgueil de l'espagnole audace,
    Soit par droit d'alliance ou soit par droit de race,
    Vous ont par leurs...

  • Astres cruels, et vous dieux inhumains,
    Ciel envieux, et marâtre nature,
    Soit que par ordre ou soit qu'à l'aventure
    Voise le cours des affaires humains,

    Pourquoi jadis ont travaillé vos mains
    A façonner ce monde qui tant dure ?
    Ou que ne fut de matière aussi dure
    Le brave front de ces palais romains ?

    Je ne dis plus la sentence commune,
    ...

  • Espérez-vous que la postérité
    Doive, mes vers, pour tout jamais vous lire ?
    Espérez-vous que l'oeuvre d'une lyre
    Puisse acquérir telle immortalité ?

    Si sous le ciel fût quelque éternité,
    Les monuments que je vous ai fait dire,
    Non en papier, mais en marbre et porphyre,
    Eussent gardé leur vive antiquité.

    Ne laisse pas toutefois de sonner,...

  • Brusquet à son retour vous racontera, Sire,
    De ces rouges prélats la pompeuse apparence,
    Leurs mules, leurs habits, leur longue révérence,
    Qui se peut beaucoup mieux représenter que dire.

    Il vous racontera, s'il les sait bien décrire,
    Les moeurs de cette cour, et quelle différence
    Se voit de ces grandeurs à la grandeur de France,
    Et mille autres bons...

  • La nef qui longuement a voyagé, Dillier,
    Dedans le sein du port à la fin on la serre :
    Et le boeuf, qui longtemps a renversé la terre,
    Le bouvier à la fin lui ôte le collier :

    Le vieux cheval se voit à la fin délier,
    Pour ne perdre l'haleine ou quelque honte acquerre :
    Et pour se reposer du travail de la guerre,
    Se retire à la fin le vieillard chevalier...

  • Je ne te conterai de Bologne et Venise,
    De Padoue et Ferrare et de Milan encor,
    De Naples, de Florence, et lesquelles sont or
    Meilleures pour la guerre ou pour la marchandise.

    Je te raconterai du siège de l'Église,
    Qui fait d'oisiveté son plus riche trésor,
    Et qui dessous l'orgueil de trois couronnes d'or
    Couve l'ambition, la haine et la feintise :...