Espérez-vous que la postérité

Espérez-vous que la postérité
Doive, mes vers, pour tout jamais vous lire ?
Espérez-vous que l'oeuvre d'une lyre
Puisse acquérir telle immortalité ?

Si sous le ciel fût quelque éternité,
Les monuments que je vous ai fait dire,
Non en papier, mais en marbre et porphyre,
Eussent gardé leur vive antiquité.

Ne laisse pas toutefois de sonner,
Luth, qu'Apollon m'a bien daigné donner :
Car si le temps ta gloire ne dérobe,

Vanter te peux, quelque bas que tu sois,
D'avoir chanté, le premier des François,
L'antique honneur du peuple à longue robe.

Collection: 
1541

More from Poet

  • Ô que celui était cautement sage,
    Qui conseillait, pour ne laisser moisir
    Ses citoyens en paresseux loisir,
    De pardonner aux remparts de Carthage !

    Il prévoyait que le romain courage,
    Impatient du languissant plaisir,
    Par le repos se laisserait saisir
    A...

  • Je hais plus que la mort un jeune casanier,
    Qui ne sort jamais hors, sinon aux jours de fête,
    Et craignant plus le jour qu'une sauvage bête,
    Se fait en sa maison lui-même prisonnier.

    Mais je ne puis aimer un vieillard voyager,
    Qui court deçà delà, et jamais ne s'...

  • Divins esprits, dont la poudreuse cendre
    Gît sous le faix de tant de murs couverts,
    Non votre los, qui vif par vos beaux vers
    Ne se verra sous la terre descendre,

    Si des humains la voix se peut étendre
    Depuis ici jusqu'au fond des enfers,
    Soient à mon cri les...

  • Telle que dans son char la Bérécynthienne
    Couronnée de tours, et joyeuse d'avoir
    Enfanté tant de dieux, telle se faisait voir
    En ses jours plus heureux cette ville ancienne :

    Cette ville, qui fut plus que la Phrygienne
    Foisonnante en enfants, et de qui le pouvoir...

  • Gordes, il m'est avis que je suis éveillé,
    Comme un qui tout ému d'un effroyable songe
    Se réveille en sursaut et par le lit s'allonge,
    S'émerveillant d'avoir si longtemps sommeillé.

    Roger devint ainsi (ce crois-je) émerveillé :
    Et crois que tout ainsi la vergogne...