• Admirable gosier, nid d'où les mélodies ;
    Légers oiseaux chanteurs déployant leur essor,
    Bondissent en faisant sonner leurs ailes d'or,
    On te croirait formé par la main des Génies.....
    Nulle fibre jamais, sous un archet vainqueur,
    Idéal instrument, ne ravit mieux le cœur !.....

    (La première lettre de...

  •  
    Adônis ! Adônis ! la mort ferme ta bouche,
            Hélas ! cher Adônis, adieu,
    Toi qui gardes encor sur la funèbre couche
            L’immortelle beauté d’un Dieu ! —

    Telles lugubrement dans la ville assiégée
    Les femmes de Khytras, seins nus, cheveux épars,
    Poussaient leur clameur triste, errante et prolongée
    Du temple enguirlandé jusqu’au pied...

  • Le dieu Mars et Vénus, blessés des mêmes traits,
          Goûtaient les biens les plus parfaits,
    Qu’aux cœurs bien enflammés le tendre Amour apprête ;
          Mais ce dieu superbe et jaloux,
    D’un œil de conquérant regardant sa conquête,
    Fit bientôt aux plaisirs succéder les dégoûts.

          Un cœur jaloux ne fait paraître
          Que des feux qui le font haïr...

  • Si l’aveugle hasard me donnait la puissance
    Pour un jour, je voudrais tenir
    Le glaive justicier de la sainte vengeance
    Et le droit sacré de punir.

    J’irais sur le...

  •  
    Ah ! ne m’accusez pas d’être froid, insensible ;
    D’avoir l’œil dédaigneux, le rire d’un méchant ;
    D’avoir un cœur de bronze à tout inaccessible ;
    D’avoir l’âme fermée au plus tendre penchant.
    Vous me devinez peu malgré votre science :
    Croyez moins désormais à cette insouciance,
    J’aime, et d’un amour vif ; j’en fais l’aveu touchant.

    J’aime, en...

  •  
    I

    Un soir, je l'aperçus dans une ombreuse allée
    Onduler comme un rêve à la forme voilée.
    Son regard incertain qui, vague, par moment,
    Sans paraître rien voir, caresse doucement,
    Son pas harmonieux, sa démarche légère
    Qui semble dans un vol se détacher de terre,
    Sa taille qui se plie au vent comme une fleur,
    Me la firent dans l'ombre, en...

  • Le noir château, couvert de chiffres et d’emblèmes
    Et ceint des froides fleurs dormant sur les eaux blêmes,
    En un doux ciel humide effile ses toits bleus.
    Dans le parc, où jadis on vit flotter des fées,
    Les Nymphes, par le lierre en leur marbre étouffées,
    Méditent longuement leurs amours fabuleux.

    Déjà des vieux tilleuls les premières rangées
    Versent...

  • Dans le fronton d’un temple antique,
    Deux blocs de marbre ont, trois mille ans,
    Sur le fond bleu du ciel attique,
    Juxtaposé leurs rêves blancs ;

    Dans la même nacre figées,
    Larmes des flots pleurant Vénus,
    Deux perles au gouffre plongées
    Se sont dit des mots inconnus ;

    Au frais Généralife écloses,
    Sous le jet d’eau toujours en pleurs,...

  • Ô toi qui passes par ce cloître,
    Songe à la mort ! — Tu n’es pas sûr
    De voir s’allonger et décroître,
    Une autre fois, ton ombre au mur.

    Frère, peut-être cette dalle
    Qu’aujourd’hui, sans songer aux morts,
    Tu soufflettes de ta sandale,
    Demain pèsera sur ton corps !

    La vie est un plancher qui couvre
    L’abîme de l’éternité :
    Une trappe...

  •  
    I

    Les ramiers tout le jour ont couru les espaces,
    Sans voir les horizons épars au-dessous d’eux,
    Allant on ne sait où de leur vol hasardeux ;
    Mais la nuit va tomber, et leurs ailes sont lasses.

    Sur la forêt qui dort dans les braises du soir
    Ils se sont abattus, pareils à des nuées ;
    Leurs prunelles par tant d’azur exténuées,
    Ils se sont...