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    Les troupes des françois, du Rhein victorieuses,
    Attendoient leur grand roy, riches et glorieuses,
    Où la Meuse et la Marne, encor foibles ruisseaux,
    Humectent les vallons, de leurs naissantes eaux.
    Et dé-ja paroissoit la brigade avancée,
    Sur la rive d’un bois par le prince laissée,
    Dont le chef languissoit d’impatiens soucys,
    Lisois, source du...

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    Clotilde cependant, l’amante infortunée,
    Du celeste secours n’est pas abandonnée.
    La vierge qui conceût, qui des vierges a soin,
    La regarde du ciel en ce pressant besoin ;
    Et voulant reprimer l’infernale insolence,
    De son fils va pour elle implorer l’assistance.
    Pres du pere éternel, brillant de majesté,
    De son verbe divin la sainte humanité,...

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    Le monarque goustoit, dans les champs delectables,
    Pres d’un visage feint, des douceurs veritables ;
    Et sa raison plongée en l’erreur de ses sens,
    Chargeoit son pur amour de crimes innocens.
    Albione languit dans sa peine amoureuse :
    Est dans les bras du prince heureuse et malheureuse ;
    Et trompant avec luy ses violens desirs,
    Sous sa fausse...

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    A peine douze fois l’astre qui fait les jours
    Sur la terre et sous l’onde eut achevé son cours,
    Qu’il s’épand dans Vienne une prompte nouvelle,
    Qu’une ambassade arrive en pompe solemnelle.
    Soudain le sage Aurele, et le brave Lisois,
    Font admirer leur troupe, et l’éclat des françois,
    La mine et l’air charmant que nul peuple n’égale,
    Et le...

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    Aurele à differer ne peut plus consentir ;
    S’irrite avec Lisois ; menace de partir ;
    Joint la fierté pressante à sa prudente addresse.
    Irier enfin demande à la sage princesse,
    Si le royal serment de reverer la croix,
    Suffit pour l’engager aux conjugales loix.
    Des celestes decrets sa sainte ame asseurée,
    Accepte de Clovis la parole jurée :...

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    Dans les bras de Clovis Yoland se debat :
    Fait mille vains efforts : de ses poings le combat :
    Enfin du fort coursier prend la bride, et la serre.
    Il se cabre ; et tous deux ils tombent sur la terre.
    Le monarque dispos se releve soudain.
    Yoland fait le mesme, et met le fer en main :
    Monstre au puissant guerrier sa force et son addresse.
    Il pare...

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    Pour le don precieux que par toy Dieu m’envoye,
    Je dois bien, respond-il, te donner cette joye :
    Et puis que ce lieu frais nous preste un doux repos,
    Je pourray de plus loin reprendre mon propos.
    Dans le dernier combat, qui d’une haute gloire
    Honora Childeric sur les bords de la Loire,
    Voulant d’un vaillant pere estre veû digne fils,
    Je...

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    Le sensible guerrier, au triste souvenir,
    Pousse encor des soupirs qu’il ne peut retenir ;
    Et le saint solitaire accompagne ses larmes.
    Mais les brillans rayons de ces celestes armes,
    Portent, pour leur secours, tant de joye en leur cœur,
    Qu’ils allegent enfin l’excés de leur douleur.
    Aurele ainsi reprend la force et la parole.
    Dans ce cruel...

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    Par la vaste forest les sœurs portent leur rage :
    D’innocens voyageurs font un triste carnage.
    Plus grand est le combat, plus grands sont leurs transports,
    Quand la gloire se mesle à leurs cruels efforts.
    De sang, de plus en plus, elles sont affamées.
    Par tout, de corps meurtris les routes sont semées.
    Et chacune souhaite en son cœur inhumain,
    ...

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    Quand du ciel eut paru la vertu secourable,
    Lisois demeura seul dans un sort miserable.
    Rien qu’horreur n’entretient ses pensers vagabonds.
    De son triste palais la cendre et les charbons,
    De sa chere Yoland la fuite surprenante,
    Ses gardes renversez, cette audace estonnante,
    De son prince irrité les reproches cruels,
    Outragent son esprit d’...