• Las d'avoir visité mondes, continents, villes,
    Et vu de tout pays, ciel, palais, monuments,
    Le voyageur enfin revient vers les charmilles
    Et les vallons rieurs qu'aimaient ses premiers ans.

    Alors sur les vieux bancs au sein des soirs tranquilles,
    Sous les chênes vieillis, quelques bons paysans,
    Graves, fumant la pipe, auprès de leurs familles
    Ecoutaient...

  • En une très vieille chapelle
    Je sais un diptyque flamand
    Où Jésus, près de sa maman,
    Creuse le sable avec sa pelle.

    Non peint par Rubens ou Memling,
    Mais digne de leurs galeries ;
    La Vierge, en blanches draperies,
    Au rouet blanc file son lin.

    La pelle verdelette peinte
    Scintille aux mains grêles de Dieu ;
    Le soleil brûle un rouge...

  • Aux jours de sa vieille détresse
    Elle avait, la pauvre négresse,
    Gardé cet oiseau d'allégresse.

    Ils habitaient, au coin hideux,
    Un de ces réduits hasardeux,
    Un faubourg lointain, tous les deux.

    Lui, comme jadis à la foire,
    Il jacassait les jours de gloire
    Perché sur son épaule noire.

    La vieille écoutait follement,
    ...

  • L'hiver, de son pinceau givré, barbouille aux vitres
    Des pastels de jardins de roses en glaçons.
    Le froid pique de vif et relègue aux maisons
    Milady, canaris et les jockos bélîtres.

    Mais la petite Miss en berline s'en va,
    Dans son vitchoura blanc, une ombre de fourrures,
    Bravant l'intempérie et les âcres froidures,
    Et plus d'un, à la voir cheminer, la...

  • Clavier vibrant de remembrance,
    J'évoque un peu des jours anciens,
    Et l'Eden d'or de mon enfance

    Se dresse avec les printemps siens,
    Souriant de vierge espérance
    Et de rêves musiciens...

    Vous êtes morte tristement,
    Ma muse des choses dorées,
    Et c'est de vous qu'est mon tourment ;

    Et c'est pour vous que sont pleurées
    Au luth...

  • Toi-même, éblouissant comme un soleil ancien
    Les Regrets des solitudes roses,
    Contemple le dégât du Parc magicien
    Où s'effeuillent, au pas du Soir musicien,
    Des morts de camélias, de roses.

    Revisitons le Faune à la flûte fragile
    Près des bassins au vaste soupir,
    Et le banc où, le soir, comme un jeune Virgile,
    Je venais célébrant sur mon théorbe...

  • C'est bien lui, ce visage au sourire inconnu,
    Ce front noirci du hâle infernal de l'abîme,
    Cet oeil où nage encor la vision sublime :
    Le Dante incomparable et l'Homme méconnu.

    Ton âme herculéenne, on s'en est souvenu,
    Loin des fourbes jaloux du sort de leur victime,
    Sur les monts éternels où tu touchas la cime
    A dû trouver la paix, ô Poète ingénu...

  • C'est l'heure solennelle et calme du silence,
    L'Angélus a sonné notre prière à Dieu ;
    Le coeur croyant sommeille en un repos immense,
    Noyé dans les parfums languissants du Saint-Lieu.

    C'est l'heure du pardon et de la pénitence,
    C'est bien l'heure où l'on fait notre plus chaste aveu,
    Où nos yeux ruisselants, pleurs de reconnaissance,
    Retrouvent à la fin...

  • Les heurs crèvent comme une bombe ;
    A l'espoir notre jour qui tombe
    Se mêle avec le confiant.

    Pique aiguille ! assez piqué, piquant !
    Les heurs crèvent comme une bombe.

    Ici-bas tout geint, casse ou pleure ;
    Rien de possible ne demeure
    A ce qui demeurait avant.

    Pique aiguille ! assez piqué, piquant !
    Ici-bas tout geint, casse ou...

  • La tristesse a jeté sur mon coeur ses longs voiles
    Et les croassements de ses corbeaux latents ;
    Et je rêve toujours au vaisseau des vingt ans,
    Depuis qu'il a sombré dans la mer des Étoiles.

    Oh ! quand pourrais-je encor comme des crucifix
    Étreindre entre mes doigts les chères paix anciennes,
    Dont je n'entends jamais les voix musiciennes
    Monter...