• Sonnet

    Les Parques ont le teint plus gai que mon visage,
    Je crois que les damnés sont plus heureux que moi :
    Aussi le vieux tyran qui leur donne la loi
    Des peines que je sens n'a jamais eu l'usage.

    Les jours les plus sereins pour moi sont pleins d'orage,
    Les objets les plus beaux pour moi sont pleins d'effroi,
    Et du plus doux accueil que me...

  • Puisant je ne sais quoi ; au fond de ses yeux jetant le panier
    tressé de mon désir, je n'ai pas obtenu le jappement de l'eau
    pure et profonde.

    Main sur main, pesant la corde écailleuse, me déchirant les
    paumes, je n'ai levé pas même une goutte de l'eau pure et
    profonde :

    Ou que le panier fut lâchement tressé, ou la corde brève ; ou
    s'il n'y...

  • Ton visage est le mot de la nuit étoilée
    Un ciel obscur s'ouvre lentement dans tes bras
    Où le plaisir plus vain que la flamme argentée
    Comme un astre brisé brille et tremble tout bas

    Vivante, conduis-moi dans ce nocturne empire
    Dont l'horizon mobile enferme notre amour.
    Je touche un paysage ; il s'éclaire, il respire
    Et prend quelque couleur sans...

  • J'aime, ô pâle beauté, tes sourcils surbaissés,
    D'où semblent couler des ténèbres,
    Tes yeux, quoique très noirs, m'inspirent des pensers
    Qui ne sont pas du tout funèbres.

    Tes yeux, qui sont d'accord avec tes noirs cheveux,
    Avec ta crinière élastique,
    Tes yeux, languissamment, me disent : " Si tu veux,
    Amant de la muse plastique,

    Suivre l'...

  • Marie, vous passez en taille, et en visage,
    En grâce, en ris, en yeux, en sein, et en téton,
    Votre moyenne soeur, d'autant que le bouton
    D'un rosier franc surpasse une rose sauvage.

    Je ne dis pas pourtant qu'un rosier de bocage
    Ne soit plaisant à l'oeil, et qu'il ne sente bon ;
    Aussi je ne dis pas que votre soeur Thoinon
    Ne soit belle, mais quoi ? vous...

  • Si vous voyiez mon coeur ainsi que mon visage,
    Vous le verriez sanglant, transpercé mille fois,
    Tout brûlé, crevassé, vous seriez sans ma voix
    Forcée à me pleurer, et briser votre rage.

    Si ces maux n'apaisaient encor votre courage
    Vous feriez, ma Diane, ainsi comme nos rois,
    Voyant votre portrait souffrir les mêmes lois
    Que fait votre sujet qui...

  • Pour vos beaux yeux et vostre beau visage,
    Et la douceur de ce divin langage
    Dont vous tenez tout le monde enchanté,
    Cloris, on doit souffrir vostre fierté,
    Et prés de vous avoir moins de courage.

    Il est donc vray, que je ne fus pas sage,
    De ne pouvoir endurer un outrage,
    Moy que l'Amour tient si bien arresté
    Pour vos beaux yeux.

    ...