• Prenez le cas, que, comme je suis vostre
    (Et estre veulx) vous soyez tout a moy :
    Certainement par ce commun bien nostre
    Vous me deburiez tel droict, que je vous doy.
    Et si Amour vouloit rompre sa Loy,
    Il ne pourroit l'un de nous dispencer,
    S'il ne vouloit contrevenir a soy,
    Et vous, & moy, & les Dieux offencer.

    Prenez le cas que,...

  • Pendant que vostre main docte, gentille et belle
    Va triant dextrement les odorantes fleurs
    Par ces prez esmaillez en cent et cent couleurs,
    Par le sacré labeur de la troupe immortelle :

    Gardez qu'Amour tapy sous la robe nouvelle
    De quelque belle fleur n'evente ses chaleurs,
    Et qu'au lieu de penser amortir vos douleurs,
    D'un petit traict de feu ne...

  • Mortels, qui des mortels avez pris vostre vie,
    Vie qui meurt encor dans le tombeau du Corps,
    Vous qui r'amoncelez vos tresors, des tresors
    De ceux dont par la mort la vie fust ravie :

    Vous qui voyant de morts leur mort entresuivie,
    N'avez point de maisons que les maisons des morts,
    Et ne sentez pourtant de la mort un remors,
    D'où vient qu'au...

  • Vostre bouche dit : Baisiez moy,
    Ce m'est avis quant la regarde ;
    Mais Dangier de trop prés la garde,
    Dont mainte doleur je reçoy.

    Laissiez m'avoir, par vostre foy,
    Un doulx baisier, sans que plus tarde ;
    Vostre bouche dit : Baisiez moy,
    Ce m'est avis quant la regarde.

    Dangier me heit, ne scay pourquoy,
    Et tousjours Destourbier me darde...

  • Pour vos beaux yeux et vostre beau visage,
    Et la douceur de ce divin langage
    Dont vous tenez tout le monde enchanté,
    Cloris, on doit souffrir vostre fierté,
    Et prés de vous avoir moins de courage.

    Il est donc vray, que je ne fus pas sage,
    De ne pouvoir endurer un outrage,
    Moy que l'Amour tient si bien arresté
    Pour vos beaux yeux.

    ...