• Ma petite compatriote,
    M'est avis que veniez ce soir
    Frapper à ma porte et me voir.
    Ô la scandaleuse ribote
    De gros baisers et de petits
    Conforme à mes gros appétits?
    Mais les vôtres sont si mièvres?
    Primo, je baiserai vos lèvres,
    Toutes, c'est mon cher entremets,
    Et les manières que j'y mets,
    Comme en tant de choses vécues,
    ...

  • Vous n’avez pas eu toute patience,
    Cela se comprend par malheur, de reste ;
    Vous êtes si jeune ! Et l’insouciance,
    C’est le lot amer de l’âge céleste !

    Vous n’avez pas eu toute la douceur,
    Cela par malheur d’ailleurs se comprend ;
    Vous êtes si jeune, ô ma froide sœur,
    Que votre cœur doit être indifférent !

    Aussi, me voici plein de pardons...

  • Le diable de Papefiguière
    Eut tort, d’accord, d’être effrayé
     De quoi, bons dieux !

    Mais que veut-on que je requière
    À son encontre, moi qui ai
     Peur encor mieux ?

    Eh quoi, cette grâce infinie,
    Délice, délire, harmonie
     De cette chair

    Ô Femme, ô femmes, qu’est la vôtre
    Dont le mol péché qui s’y vautre
     M’est si cher,

    ...

  • Le long bois de sapins se tord jusqu’au rivage,
    L’étroit bois de sapins, de lauriers et de pins,
    Avec la ville autour déguisée en village :
    Chalets éparpillés rouges dans le feuillage
    Et les blanches villas des stations de bains.

    Le bois sombre descend d’un plateau de bruyère,
    Va, vient, creuse un vallon, puis monte vert et noir
    Et redescend en fins...

  • C’est le chien de Jean de Nivelle
    Qui mord sous l’œil même du guet
    Le chat de la mère Michel ;
    François-les-bas-bleus s’en égaie.

    La Lune à l’écrivain public
    Dispense sa lumière obscure
    Où Médor avec Angélique
    Verdissent sur le pauvre mur.

    Et voici venir La Ramée
    Sacrant en bon soldat du Roy.
    Sous son habit blanc mal famé,
    Son...

  • Ô poète, faux pauvre et faux riche, homme vrai,
    Jusqu'en l'extérieur riche et pauvre pas vrai,
    (Dès lors, comment veux-tu qu'on soit sûr de ton cœur ?)
    Tour à tour souple drôle et monsieur somptueux,
    Du vert clair plein d'« espère » au noir componctueux,
    Ton habit a toujours quelque détail blagueur.

    Un bouton manque. Un fil dépasse. D'où venue
    Cette...

  • Pour sauver son époux, Çavitri fit le vœu
    De se tenir trois jours entiers, trois nuits entières,
    Debout, sans remuer jambes, buste ou paupières :
    Rigide, ainsi que dit Vyaça, comme un pieu.

    Ni, Curya, tes rais cruels, ni la langueur
    Que Tchandra vient épandre à minuit sur les cimes
    Ne firent défaillir, dans leurs efforts sublimes,
    La pensée et la...

  •  
    Certes il fut traversé traverseras-tu,
    Ce mien, dernier amour, mon arrière-vertu,
    Mon ultime raison, mon excuse suprême
    De vivre et d’être un homme et de rester moi-même,
    Traversé traverseras-tu dans que de sens,
    Combien de fois ! depuis les soirs presque innocents
    A force de candeur dans l’entier badinage
    Où se forma cette union, notre ménage...

  •  
    Ces vers durent être faits,
    Cet aveu fut nécessaire,
    Témoignant d’un cœur sincère
    Et tout bon ou tout mauvais.

    Mauvais, oui, méchant, nenni.
    La sensualité seule,
    Chair folle, lombes et gueule,
    Trouble son désir béni.

    Beauté des corps et des yeux,
    Parfums, régals, les ivresses.
    Les caresses, les paresses.
    Barraient...

  • Sur fond sombre noyant un riche vestibule
    Où le buste d’Horace et celui de Tibulle
    Lointain et de profil rêvent en marbre blanc,
    La main gauche au poignard et la main droite au flanc,
    Tandis qu’un rire doux redresse la moustache,
    Le duc CÉSAR, en grand costume, se détache.
    Les yeux noirs, les cheveux noirs et le velours noir
    Vont contrastant, parmi l’...