• Allons, Suzon, j' tenons dimanche,
    Ouvre tes yeux et tes rideaux ;
    Quand j' ons six grands jours scié la planche
    Tu sais qu' j'ai d' la maison plein l' dos.
    Il faut que j' sortions d'un' berrière…
    Débarbouill' vite ton garçon…
    Passe l' jupon
    Moi l' pantalon
    Et zon, zon, zon
    En avant ma Suzon
    J' goberons moins d' m' ringues que d'...

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    Mes chants savent tout peindre ; accours, viens les entendre.
    Ma voix plaît, Astérie, elle est flexible et tendre.
    Philomèle, les bois, les eaux, les pampres verts,
    Les muses, le printemps, habitent dans mes vers.
    Le baiser dans mes vers étincelle et respire.
    La source aux pieds d'argent qui m'arrête et m'inspire
    Y roule en murmurant son flot léger...

  • L’homme est, dans ses écarts, un étrange problème.
    Qui de nous en tout temps est fidèle à soi-même ?
    Le commun caractère est de n’en point avoir :
    Le matin incrédule, on est dévot le soir.
    Tel s’élève et s’abaisse au gré de l’atmosphère,
    Le liquide métal balancé sous le verre.
    L’homme est bien variable ; et ces malheureux rois,
    Dont on dit tant de mal...

  •         Un milan plumait un pigeon,
            Et lui disait : Méchante bête,
        Je te connais, je sais l’aversion
    Qu’ont pour moi tes pareils ; te voilà ma conquête !
    Il est des dieux vengeurs. Hélas ! je le voudrais,
    Répondit le pigeon. O comble de forfaits !
    S’écria le milan ; quoi ! ton audace impie
            Ose douter qu’il soit des dieux ?
    J’...

  • Dans le beau siècle d’or, quand les premiers humains,
    Au milieu d’une paix profonde,
    Coulaient des jours purs et sereins,
    La...

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    CHLOÉ.

    Fleurs, bocage sonore, et mobiles roseaux
    Où murmure zéphyr au murmure des eaux,
    Parlez ; le beau Mnazile est-il sous vos ombrages ?
    Il visite souvent vos paisibles rivages.
    Souvent j'écoute, et l'air qui gémit dans vos bois
    A mon oreille au loin vient apporter sa voix.

    MNAZILE.

    Onde, mère des fleurs, naïade transparente
    ...

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    Il renaît triomphant le mois, où nos guérets
    Perdent les blonds épis, dont les orna Cérès ;
    Il fait reluire aux yeux de la terre étonnée
    Les plus belles des nuits, que dispense l’année.
    Que leur empire est frais ! Qu’il est doux ! Qu’il est pur !
    Qui jamais vit au ciel un plus riant azur ?
    Pour inviter ma muse à prolonger sa veille,
    Il étale à...

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    Des cavernes du nord l’hyver s’est échappé.
    Il revient, de frimats encor enveloppé,
    À la faveur des nuits secouer la froidure,
    Glacer la tendre aurore, effrayer la verdure,
    Et des tyrans de l’air à grand bruit escorté,
    Flétrir dans les jardins le printems attristé.
    Imprudens arbrisseaux, qui trop pressés d’éclore
    Cachiez vos fruits naissans...

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    Sur un char paresseux, le soleil tristement
    Se lève, enveloppé d’un sombre vêtement.
    Quelle affreuse pâleur deshonnore sa face ?
    Comme rapidement sa lumière s’efface !
    De l’empire des airs n’est-il donc plus le roi ?
    Qu’a-t-il fait de ses traits ? Où sont-ils ? Et pourquoi
    Si long-tems à la nuit abandonner son trône ?
    Est-ce là ce vainqueur que...

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    Ambitieux rival des maîtres de la lyre,
    Qu’un autre des guerriers échauffe le délire ;
    Qu’un autre, mariant de coupables couleurs,
    Soit le peintre du vice, et le pare de fleurs :
    Moi, voué jeune encor à de plus nobles veilles,
    Moi, qui de la nature observai les merveilles,
    J’aime mieux du soleil chanter les douze enfans,
    Qui d’un pas inégal le...