• XXII

                                

    Enfants ! — Oh ! revenez ! tout à l’heure, imprudent,
    je vous ai de ma chambre exilés en grondant,
    Rauque et tout hérissé de paroles morose.
    Et qu’aviez-vous donc fait, bandits aux lèvres roses ?...

  • XXIX

    Puisqu’il plut au Seigneur de te briser, poète ;
    Puisqu’il plut au Seigneur de comprimer ta tête
    De son doigt souverain,
    D’en faire une urne sainte à contenir l’extase,
    D’y mettre le génie, et de sceller ce vase
    Avec un...

  •  
    Solitude ! silence ! oh ! le désert me tente.
    L'âme s'apaise là, sévèrement contente ;
    Là d'on ne sait quelle ombre on se sent l'éclaireur.
    Je vais dans les forêts chercher la vague horreur ;
    La sauvage épaisseur des branches me procure
    Une sorte de joie et d'épouvante obscure ;
    Et j'y trouve un oubli presque égal au tombeau.
    Mais je ne m'...

  • VIII

    J’étais adolescent quand vous étiez enfant ;
    J’ai sur votre berceau fragile et triomphant
    Chanté mon chant d’aurore ; et le vent de l’abîme
    Depuis nous a jetés chacun sur une cime,
    Car le malheur, lieu sombre où le sort nous admet,
    Etant battu de coups de foudre, est un sommet.
    Le gouffre est entre nous comme entre les deux...

  • I

    Toi dont la courbe au loin, par le couchant dorée,
    S’emplit d’azur céleste, arche démesurée ;
    Toi qui lèves si haut ton front large et serein,
    Fait pour changer sous lui la campagne en abîme,
    Et pour servir de base à quelque aigle sublime
    Qui viendra s’y poser et qui sera d’airain !

    O vaste...

  •                                 I

    Ô Monument vengeur ! Trophée indélébile !
    Bronze qui, tournoyant sur ta base immobile,
    Sembles porter au ciel ta gloire et ton néant ;
    Et, de tout ce qu’a fait une main colossale,
    Seul es resté debout ; — ruine triomphale
            De l’édifice du géant !
                                   
    Débris du Grand Empire et...

  • VII

    Personne pour toi. Tous sont d'accord. Celui-ci,
    Nommé Gladstone, dit à tes bourreaux : merci !
    Cet autre, nommé Grant, te conspue, et cet autre,
    Nommé Bancroft, t'outrage ; ici c'est un apôtre,
    Là c'est un soldat, là c'est un juge, un tribun,
    Un prêtre, l'un du Nord, l'autre du Sud ; pas un
    Que ton sang, à grands flots...

  • X

    Si vous continuez d'être ainsi toute pâle
    Dans notre air étouffant,
    Si je vous vois entrer dans mon ombre fatale,
    Moi vieillard, vous enfant ;

    Si je vois de nos jours se confondre la chaîne,
    Moi qui sur mes genoux
    Vous contemple, et qui veux la mort pour moi prochaine,
    Et lointaine pour vous ;

    Si vos mains...

  • IX

    Athée ? entendons-nous, prêtre, une fois pour toutes.
    M'espionner, guetter mon âme, être aux écoutes,
    Regarder par le trou de la serrure au fond
    De mon esprit, chercher jusqu'où mes doutes vont,
    Questionner l'enfer, consulter son registre
    De police, à travers son soupirail sinistre,
    Pour voir ce que je nie ou bien ce que...

  •  
    Lydia, dic, per omnes, etc.
    (HOR., Lib. 1, ode VIII.)

    Au nom des Dieux dont tu te ris,
    Lydie, en ta folle tendresse,
    Veux-tu donc perdre Sybaris ?
    Dans l’amour dont il est épris
    Va-t-il consumer sa jeunesse ?
    Pourquoi n’a-t-il que du mépris
    Pour Mars, pour sa noble poussière ?
    Pourquoi, dans l’arêne guerrière,
    ...