• Blanc satin neuf, oeuf de couvée fraîche,
    Neige qui ne fond,
    Que vos tétins, l'un à l'autre revêche,
    Si tant clairs ne sont.

    Chapelets de fine émeraude, ophites,
    Ambre coscoté,
    Semblables aux yeux dont soulas me fîtes,
    Onques n'ont été.

    Votre crêpe chef le soleil efface,
    Et votre couleur
    Fait se dépiter la cerise, et passe
    La...

  • Au temps de la mort des marjolaines,
    Alors que bourdonne ton léger
    Rouet, tu me fais, les soirs, songer
    A tes aïeules les châtelaines.

    Tes doigts sont fluets comme les leurs
    Qui dévidaient les fuseaux fragiles.
    Que files-tu, soeur, en ces vigiles,
    Où tu chantes d'heurs et de malheurs ?

    Seraient-ce des linceuls pour tes rêves
    D'amour,...

  • Je suis ce roi des anciens temps
    Dont la cité dort sous la mer
    Aux chocs sourds des cloches de fer
    Qui sonnèrent trop de printemps.

    Je crois savoir des noms de reines
    Défuntes depuis tant d'années,
    Ô mon âme ! et des fleurs fanées
    Semblent tomber des nuits sereines.

    Les vaisseaux lourds de mon trésor
    Ont tous sombré je ne sais où,
    ...

  • Hélas ! les temps sont loin des phlox incarnadins
    Et des roses d'orgeuil illuminant ses portes,
    Mais, si fané soit-il et si flétri - qu'importe ! -
    Je l'aime encor de tout mon coeur, notre jardin.

    Sa détresse parfois m'est plus chère et plus douce
    Que ne m'était sa joie aux jours brûlants d'été ;
    Oh ! le dernier parfum lentement éventé
    Par sa...

  • Au temps où longuement j'avais souffert,
    Où les heures m'étaient des pièges,
    Tu m'apparus l'accueillante lumière
    Qui luit aux fenêtres, l'hiver,
    Au fond des soirs, sur de la neige.

    Ta clarté d'âme hospitalière
    Frôla, sans le blesser, mon coeur,
    Comme une main de tranquille chaleur.

    Puis vint la bonne confiance,
    Et la franchise, et la...

  • Elle a mis, depuis que je l'aime
    (Bien longtemps, peut-être toujours),
    Bien des robes, jamais la même ;
    Palmire a dû compter les jours.

    Mais, quand vous êtes revenue,
    Votre bras léger sur le mien,
    Il faisait, dans cette avenue,
    Un froid de loup, un temps de chien.

    Vous m'aimiez un peu, mon bel ange,
    Et, tandis que vous bavardiez...

  • Ode

    I

    Le Temps ne surprend pas le sage ;
    Mais du Temps le sage se rit,
    Car lui seul en connaît l'usage ;
    Des plaisirs que Dieu nous offrit,
    Il sait embellir l'existence ;
    Il sait sourire à l'espérance,
    Quand l'espérance lui sourit.

    II

    Le bonheur n'est pas dans la gloire,
    Dans les fers dorés d'une cour,
    ...