La jeunesse est un arbre aux larges frondaisons, Mancenillier vivace aux fruits inaccessibles ; Notre âme et notre coeur sont les vibrantes cibles De ces rameaux aigus d'où suintent les poisons.
Ô feuilles, dont la sève est notre sang ! Mirage Masquant le ciel...
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Sous l'épais treillis des feuilles tremblantes, Au plus noir du bois la lune descend ; Et des troncs moussus aux cimes des plantes, Son regard fluide et phosphorescent Fait trembler aux bords des corolles closes Les larmes des choses.
Lorsque l'homme oublie au...
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L'invisible lien, partout dans la nature, Va des sens à l'esprit et des âmes aux corps ; Le choeur universel veut de la créature Le soupir des vaincus ou l'insulte des forts.
L'invisible lien va des êtres aux choses, Unissant à jamais ces ennemis mortels, Qui...
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Le ciel est loin ; les dieux sont sourds. Mais nos âmes sont immortelles ! La terre s'ouvre ; où s'en vont-elles ? Souffrirons-nous encor, toujours ?
L'amour est doux ; l'amour s'émousse. Un serment, combien dure-t-il ? Le coeur est faux, l'ennui, subtil....
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Couché sur le dos, dans le vert gazon, Je me baigne d'ombre et de quiétude. Mes yeux ont enfin perdu l'habitude Du spectacle humain qui clôt la prison Du vieil horizon.
Là-bas, sur mon front passent les nuages. Qu'ils sont beaux, mon âme ! et qu'ils sont...
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Le soir fait palpiter plus mollement les plantes Autour d'un groupe assis de femmes indolentes Dont les robes, qu'on prend pour d'amples floraisons, A leur blanche harmonie éclairent les gazons. Une ombre par degrés baigne ces formes vagues ; Et sur les bracelets,...
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Comme à travers un triple et magique bandeau, - Ô nuit ! ô solitude ! ô silence ! - mon âme A travers vous, ce soir, près du foyer sans flamme, Regarde par delà les portes du tombeau.
Ce soir, plein de l'horreur d'un vaincu qu'on assaille, Je sens les morts chéris...
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Je suis tel qu'un ponton sans vergues et sans mâts, Aventureux débris des trombes tropicales, Et qui flotte, roulant des lingots dans ses cales, Sur une mer sans borne et sous de froids climats.
Les vents sifflaient jadis dans ses raille poulies. Vaisseau désemparé...
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A Émile Bergerat.
Flots qui portiez la vie au seuil obscur des temps, Qui la roulez toujours en embryons flottants Dans le flux et reflux du primitif servage, Eternels escadrons cabrés sur un rivage Ou contre un roc, l'écume au poitrail, flots des mers, Que...
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Beaux yeux, charmeurs savants, flambeaux de notre vie, Parfum, grâce, front pur, bouche toujours ravie, Ô vous, tout ce qu'on aime ! ô vous, tout ce qui part ! Non, rien ne meurt de vous pour l'âme inassouvie Quand vous laissez la nuit refermer son rempart Sur l'idéal...
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