• Du fond de mon passé, je retourne vers toi,
    Mytilène, à travers les siècles disparates,
    T'apportant ma ferveur, ma jeunesse et ma foi,
    Et mon amour, ainsi qu'un présent d'aromates,
    Mytilène, à travers les siècles disparates,
    Du fond de mon passé, je retourne vers toi.

    Je retrouve tes flots, tes oliviers, tes vignes,
    Et ton azur où je me fonds et me...

  • J'erre au fond d'un savant et cruel labyrinthe...
    Je n'ai pour mon salut qu'un douloureux orgueil.
    Voici que vient la Nuit aux cheveux d'hyacinthe,
    Et je m'égare au fond du cruel labyrinthe,
    Ô Maîtresse qui fus ma ruine et mon deuil.

    Mon amour hypocrite et ma haine cynique
    Sont deux spectres qui vont, ivres de désespoir ;
    Leurs lèvres ont ce pli...

  • Droite et longue comme un cyprès,
    Mon ombre suit, à pas de louve,
    Mes pas que l'aube désapprouve.
    Mon ombre marche à pas de louve,
    Droite et longue comme un cyprès.

    Elle me suit, comme un reproche,
    Dans la lumière du matin.
    Je vois en elle mon destin
    Qui se resserre et se rapproche.
    A travers champs, par les matins,
    Mon ombre...

  • Des roses sur la mer, des roses dans le soir,
    Et toi qui viens de loin, les mains lourdes de roses !
    J'aspire ta beauté. Le couchant fait pleuvoir
    Ses fines cendres d'or et ses poussières roses...

    Des roses sur la mer, des roses dans le soir.

    Un songe évocateur tient mes paupières closes.
    J'attends, ne sachant trop ce que j'attends en vain,
    ...

  • Lorsque la lune vient pleurer
    Sur les tombes des fleurs fidèles
    Mon souvenir vient t'effleurer
    Dans un enveloppement d'ailes.

    Il se fait tard, tu vas dormir
    Les paupières déjà mi-closes...
    Dans l'air des nuits on sent frémir
    L'agonie ardente des roses -

    Sur ton front lourd d'accablement
    Tes cheveux font de légers voiles...
    Dans le...

  • Nul n'a mêlé ses pleurs au souffle de ma bouche,
    Nul sanglot n'a troublé l'ivresse de ma couche,
    J'épargne à mes amants les rancoeurs de l'amour.

    J'écarte de leur front la brûlure du jour,
    J'éloigne le matin de leurs paupières closes,
    Ils ne contemplent pas l'accablement des roses.

    Seule je sais donner des nuits sans lendemains.

    Je sais...

  • Lorsque tu vins, à pas réfléchis, dans la brume,
    Le ciel mêlait aux ors le cristal et l'airain.
    Ton corps se devinait, ondoiement incertain,
    Plus souple que la vague et plus frais que l'écume.
    Le soir d'été semblait un rêve oriental
    De rose et de santal.

    Je tremblais. De longs lys religieux et blêmes
    Se mouraient dans tes mains, comme des cierges froids...

  • Je possède, en mes doigts subtils, le sens du monde,
    Car le toucher pénètre ainsi que fait la voix,
    L'harmonie et le songe et la douleur profonde
    Frémissent longuement sur le bout de mes doigts.

    Je comprends mieux, en les frôlant, les choses belles,
    Je partage leur vie intense en les touchant,
    C'est alors que je sais ce qu'elles ont en elles
    De...

  • Ô Sommeil, ô Mort tiède, ô musique muette !
    Ton visage s'incline éternellement las,
    Et le songe fleurit à l'ombre de tes pas,
    Ainsi qu'une nocturne et sombre violette.

    Les parfums affaiblis et les astres décrus
    Revivent dans tes mains aux pâles transparences
    Évocateur d'espoirs et vainqueur de souffrances
    Qui nous rends la beauté des êtres disparus...

  • Le soir, ouvrant au vent ses ailes de phalène,
    Évoque un souvenir fragilement rosé,
    Le souvenir, touchant comme un Saxe brisé,
    De ta naïveté fraîche de porcelaine.

    Notre chambre d'hier, où meurt la marjolaine,
    N'aura plus ton regard plein de ciel ardoisé,
    Ni ton étonnement puéril et rusé...
    Ô frissons de ta nuque où brûlait mon haleine !
    ...