• Quand je pouvais me plaindre en l'amoureux tourment,
    Donnant air à la flamme en ma poitrine enclose,
    Je vivais trop heureux ; las ! maintenant je n'ose
    Alléger ma douleur d'un soupir seulement.

    C'est me poursuivre, Amour, trop rigoureusement !
    J'aime, et je suis contraint de feindre une autre chose,
    Au fort de mes travaux je dis que je repose,
    Et montre...

  • Elle m'a dit : "Par refus ou tourment
    Je vous ferai laisser votre entreprise."
    Mais Amour dit : "Aimez la fermement,
    Car à la fin, soit douleur ou surprise,
    Par mon moyen vous en ferez la prise,
    Et vous rendrai de son corps le vainqueur."
    Helas ! Amour, ce m'est trop de faveur,
    Mais d'un tel corps ne veux la jouissance,
    Sans être aimé ; par quoi...

  • Quel tourment, quelle ardeur, quelle horreur, quel orage
    Afflige, brûle, étonne et saccage mes sens ?
    Ah ! c'est pour ne pouvoir en l'ardeur que je sens
    Adorer ma déesse. Est-il plus grande rage ?

    Servir, parler et voir, dévot lui rendre hommage,
    Se brûler au brasier de ces flambeaux luisants,
    Pourrait anéantir tous mes travaux présents,
    Mais las !...

  • Fortune enfin piteuse à mon tourment,
    Me fit revoir le soleil de mes yeux,
    Alors qu'Amour me traitant encor mieux,
    Me fit jouir de mon contentement.

    Ô jour heureux, éclairci clairement,
    De mon soleil ! ô soleil gracieux,
    Saint, et luisant plus que celui des cieux !
    Digne de lui en tout le firmament !

    Le grand plaisir, que j'eus de toi...