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    Le travail est divin.

    Gloire à la puissante Industrie,
    Reine de la terre et des eaux !
    L’homme enfin comprend son génie,
    Il ose admirer ses travaux ;
    Le cri du sol sous la charrue,
    Du marbre enlevé par la grue,
    Du bronze frappé du marteau,
    Pour son oreille a plus de charmes
    Que le canon d’un peuple en armes,
    ...

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    Il est, n’en doutons pas, il est une Harmonie,
    Qui naît du choix des mots qu’enchaîne le Génie,
    Et, dans tous les sujets, par des accords divers,
    On peut à la musique égaler l’art des vers.
    On la peut surpasser, j’ose le dire encore ;
    Volez, Alexandrins, qu’une image décore,
    En calculant vos sons, tristes ou gracieux,
    Vous peindrez à l’oreille...

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    Chaque lettre en passant, ou plus lente ou plus vive,
    Vous a-t-elle saisi par sa voix distinctive ?
    Il vous faut, dans les mots, fidèle à mes leçons,
    Augmenter son effet en répétant ses sons,
    N’allez pas toutefois, Poëte géomètre,
    Outrer un tel sistème, ou le prendre à la lettre,
    Et tourmenter la langue, au point de calculer
    Des vers, que le...

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    À plus d’un examen ces vers furent soumis.
    Mais, si j’en crois enfin mes sévères amis
    J’ai prouvé que ma langue avec art combinée,
    Tantôt impérieuse et tantôt dominée,
    Par des sons inégaux pouvait également
    Rendre l’horreur sensible et peindre l’agrément ;
    Mais refusant de moi l’exemple et les préceptes,
    Sans doute ils soutiendront, ces...

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    C’est peu d’avoir rendu la voix du quadrupède,
    À ce nouveau travail un plus vaste succède,
    Car tous les animaux articulent des sons ;
    Alors que je dis tous, j’excepte les poissons,
    Et sans doute, jadis ils ont eu leur langage.
    Si j’en crois ma chronique, au temps du premier âge,
    La pesante baleine et le dauphin léger
    Dialoguaient ensemble au...

  • Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
    Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
    Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ;
    Valse mélancolique et langoureux vertige !

    Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
    Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige ;
    Valse mélancolique et langoureux vertige !
    Le ciel est triste et beau...

  • [...] A l'instant qu'on l'appelle, arrivant plein d'audace,
    Au haut de l'alphabet l'A s'arroge sa place,
    Alerte, agile, actif, avide d'apparat,
    Tantôt, à tout hasard, il marche avec éclat ;
    Tantôt d'un accent grave acceptant des entraves,
    Il a dans son pas lent l'allure des esclaves,
    A s'adonner au mal quand il est résolu,
    Avide, atroce, affreux, arrogant,...