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    Ah ! la belle morte, elle repose...
    En Eden blanc son ange la pose.

    Elle sommeille emmi les pervenches,
    Comme en une chapelle aux dimanches.

    Les cheveux sont couleur de la cendre,
    Son cercueil, on vient de le descendre.

    Et ses beaux yeux verts que la mort fausse
    Feront un clair de lune en sa fosse.

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    Ce missel d’ivoire
    Que tu m’as donné,
    C’est au lys fané
    Qu’est sa page noire.

    O legs émané
    De pure mémoire
    Quand tu m’as donné
    Ce missel d’ivoire !

    Tout l’antan de gloire
    En lui, suranné,
    Survit interné.
    Quel lacrymatoire,

    Ce missel d’ivoire !

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    Ce frêle soulier gris et or,
    Aux boucles de soie embaumée,
    Tel un mystérieux camée,
    Entre mes mains, ce soir, il dort.

    Tout à l’heure je le trouvai
    Gisant au fond d’une commode...
    Petit soulier d’ancienne mode,
    Soulier du souvenir... Ave ! -

    Depuis qu’elle s’en est allée,
    Menée aux marches de Chopin,
    Dormir pour jamais...

  • La chapelle ancienne est fermée,
    Et je refoule à pas discrets
    Les dalles sonnant les regrets
    De toute une ère parfumée.

    Et je t'évoque, ô bien-aimée !
    Epris de mystiques attraits :
    La chapelle assume les traits
    De ton âme qu'elle a humée.

    Ton corps fleurit dans l'autel seul,
    Et la nef triste est le linceul
    De gloire qui te vêt...