• Aux vitraux diaprés des sombres basiliques,
    Les flammes du couchant s’éteignent tour à tour ;
    D’un âge qui n’est plus précieuses reliques,
    Leurs dômes dans l’azur tracent un noir contour ;

    Et la lune paraît, de ses rayons obliques
    Argentant à demi l’aiguille de la tour
    Et les derniers rameaux des pins mélancoliques
    Dont l’ombre se balance et s’étend...

  • Merci à toi, à toi merci.
    TÉRÉSA.

    Avant cet heureux jour, j’étais sombre et farouche,
    Mon sourcil se tordait sur mon front soucieux,
    Ainsi qu’une vipère en fureur, et mes yeux
    Dardaient entre mes cils un regard fauve et louche.

    Un sourire infernal crispait ma pâle bouche.
    À cet âge candide où tout est pour le mieux,...

  • Liberté de juillet ! Femme au buste divin,
    Et dont le corps finit en queue !
    G. DE NERVAL.

    E la lor cieca vita è tanto bassa
    Ch’invidiosi son d’ogn’altra sorte.
    Inferno, canto III.

    Avec ce siècle infâme il est temps que l’on rompe ;
    Car à son front damné le doigt fatal a mis
    Comme aux...

  •  

    J’aimais autrefois la forme païenne ;
    Je m’étais créé, fou d’antiquité,
    Un blanc idéal de marbre sculpté
    D’hétaïre grecque ou milésienne.

    Maintenant j’adore une Italienne,
    Un type accompli de modernité,
    Qui met des gilets, fume et prend du thé,
    Et qu’on croit Anglaise ou Parisienne.

    L’amour de mon marbre a fait un pastel,
    Les...

  • Lorsque je vous dépeins cet amour sans mélange,
    Cet amour à la fois ardent, grave et jaloux,
    Que maintenant je porte au fond du cœur pour vous,
    Et dont je me raillais jadis, ô mon jeune ange,

    Rien de ce que je dis ne vous paraît étrange,
    Rien n’allume en vos yeux un éclair de courroux ;
    Vous dirigez vers moi vos regards longs et doux,
    Votre paleur...

  • Amour tant vous hai servit
    Senz pecas et senz failhimen,
    Et vous sabez quant petit
    Hai avut de jauzimen.
    PEYROLS.
     
    Ne sais-tu pas que je n’eus onc
    D’elle plaisir ni un seul bien ?
    MAROT.

    Ne vous détournez pas, car ce n’est point d’amour
    Que je veux vous parler ; que le passé, madame,...

  • Pour veiner de son front la pâleur délicate,
    Le Japon a donné son plus limpide azur ;
    La blanche porcelaine est d’un blanc bien moins pur
    Que son col transparent et ses tempes d’agate ;

    Dans sa prunelle humide un doux rayon éclate ;
    Le chant du rossignol près de sa voix est dur,
    Et, quand elle se lève à notre ciel obscur,
    On dirait de la lune en sa...

  • Qu’est-ce que ce bonheur dont on parle ? — L’avare
    Au fond d’un coffre-fort empile des ducats,
    Des piastres, des doublons, et plus d’or qu’aux Incas
    Jadis avec leur sang n’en fit suer Pizarre.

    Il ne voit rien de plus. — Le far-niente, un cigare,
    Voilà pour l’indolent. — Le songeur ne fait cas
    Que d’un coin retiré du monde et du fracas,
    Où l’on puisse...

  •  

    Un ange chez moi parfois vient le soir
    Dans un domino d’Hilcampt ou Palmyre,
    Robe en moire antique avec cachemire,
    Voilette et chapeau faisant masque noir.

    Ses ailes ainsi, nul ne peut les voir,
    Ni ses yeux d’azur où le ciel se mire ;
    Son joli menton que l’artiste admire,
    Un bouquet le cache ou bien le mouchoir.
     
    Mon petit lit...

  • Vous étiez sous un arbre, assise en robe blanche,
    Quelque ouvrage à la main, à respirer le frais.
    Malgré l’ombre, pourtant, des rayons indiscrets
    Pénétraient jusqu’à vous, filtrant de branche en branche.

    Ils jouaient sur le sein, sur le col, sur la hanche ;
    Vous reculiez le siège ; et puis, l’instant d’après,
    Pleuvaient d’autres rayons sur vos divins...