Obscur vallon, montagne sourcilleuse
Qui vers Phoebus tient opposé le dos,
Nuit solitaire, hôtesse du repos,
Démons voisins de l'onde stygieuse,
Rocher pierreux, et vous caverne hideuse
Où les lions et les ours sont enclos,
Hiboux, corbeaux, augures d'Atropos,
Le seul objet d'une âme malheureuse,
Triste désert du monde abandonné,
Je...
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Or que la nuit et le silence
Donnent place à la violence
Des tristes accents de ma voix,
Sortez, mes plaintes désolées,
Étonnez parmi ces vallées
Les eaux, les rochers et les bois !
Je viens sous la fraîcheur de l'ombre
Pour augmenter l'amoureux nombre
De ceux que j'y vois transformés,
Blâmant le sujet de ma peine,
Qui pour... -
J'étais en liberté quand celle qui m'engage
Dessous un voile blanc me cachait ses beaux yeux,
Mais las ! c'était en vain, car l'épais d'un nuage
Ne le saurait cacher comme l'astre des cieux.
Puis opposant ma vue à ses rais gracieux,
Je la suivais partout sans prévoir mon dommage.
Je lui fis déplaisir d'être si curieux,
Elle de me blesser m'en fit... -
Je suis le triste oiseau de la nuit solitaire,
Qui fuit sa même espèce et la clarté du jour,
De nouveau transformé par la rigueur d'Amour,
Pour annoncer l'augure au malheureux vulgaire.
J'apprends à ces rochers mon tourment ordinaire,
Ces rochers plus secrets où je fais mon séjour.
Quand j'achève ma plainte, Écho parle à son tour,
Tant que le jour... -
Ô toi qui fais séjour, orgueilleuse Sirène,
Sur l'océan des pleurs des plus fermes amants,
Qui fais briser ma nef sur des rochers d'aimant
Où mon espoir flatteur me conduit et me mène,
Hé ! verrai-je sans fin une espérance vaine
Tromper mes tristes jours qui se vont consommant,
Ne verrai-je jamais du repos à ma peine
Près de vos yeux qui vont mes... -
Je vous avais donné tous les dons que les cieux
Peuvent jamais donner à quelque grand' déesse,
L'honneur, la majesté, la grâce et la hautesse,
Les appas pour charmer les hommes et les dieux.
Je parais votre sein de beaux lys gracieux,
Vous donnant de Vénus l'oeil, la bouche et la tresse,
De feux d'amour, d'attraits, j'avais rempli vos yeux,
Faisant... -
Puisque je reconnais que le ciel détermine
Que je languisse encor en la captivité,
Je me tiens bienheureux qu'une telle beauté
Me cause en la servant le bien ou la ruine,
Ainsi que j'aperçois que ma raison encline
A rendre à vos beaux yeux toute ma liberté.
Enfin il ne m'en chaut de me voir tourmenté,
Puisque d'un tel sujet mon mal prend origine.... -
Je me vais comparant à la mer vagabonde
Où vont toutes les eaux de ce grand univers,
Parce que mes ennuis et mes soucis divers
Descendent de mon coeur d'une fuite seconde.
La mer pour le tribut qui de son sein abonde
Ne surpasse jamais ses hauts bords découverts,
Et pour extrême flux de mes tourments soufferts,
Mon coeur ne peut sortir des limites... -
Dans la forest d'esperance lointaine
Souci, douleur, regret et deconfort,
Comme aspres chiens abboians pressent fort
Un pauvre cerf, hatant sa course vaine.
Souci le tient, douleur presque l'entreine,
Regret pront saute, et le serre, et le mord,
Desir haut trompe ; Amour, veneur accort
Mande à son cuer une fleche soudaine.
Que fera-t-il... -
Que me fuis-tu ? Mille Nymphes me cherchent
Les Muses m'ont apporté leurs presens,
J'ay de Venus les verds myrtes plaisans,
J'ay de Phebus les lauriers qui ne sechent.
Cruelle, au moins si tels biens ne t'allechent,
Si mon amour, si mes soucis pesans,
Pren, pren pitié de ces miens jeunes ans,
Qui comme l'herbe au soleil se dessechent.
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