• — Et comme vin, Monsieur ?
    — Une demi-Vichy.

    Intrépide Vide-bouteilles,
    Qui passas tes nuits et tes veilles
    À boire de l’eau,
    Intrépidement, dans laquelle
    Devait se noyer ta cervelle,
    ...

  • « Voulez-vous de l’eau ?
    — Non. Je suis au régime.

    Tous les matins, d’un ton impératif,
    La Soif me dit : « Viens, mon petit bonhomme,
    Viens avec moi prendre l’apéritif »,
    Et moi j’y vais, tant je suis faible, en somme.

    En général j’ai la gueule de bois,
    Étant toujours un peu « bu » de la veille...

  •  
    Couverte de drapeaux et de vertes guirlandes,
    Ouvrant aux brises d’août ses voiles toutes grandes,
    La flotte de Rollo ― Québec s’était livré ―
    Remontait le courant du grand fleuve éploré,
    Cinglant vers Montréal rongé par la famine.

    Suivant d’un œil rougi l’escadre qui chemine
    Dans l’étincellement de l’éther et des eaux,
    Les riverains voyaient...

  • Mignonne, voici le juin.
    Il fait une chaleur folle
    À griller un Bédouin,
    À fondre le Protocole.

    C’est le moment de sottir
    Et d’aller à la campagne
    Au lieu d’icigo rôtir.
    Viens, qui m’aime m’accompagne.

    Si tu veux, soyons hideux :
    Mets ton habit de cycliste
    Équivoque et hasardeux...


  • Ô toi, mon confrère qui vécus
    Entre le Porz-Gwenn et la Roche de l’Hélas,
    Non loin des lieux où moi-même
    Je naquis à la vie, o Gwiklan !

    Toi, Prophète, Barde et Martyr,
    Donne-moi la force en tout temps
    D’élever ma voix, comme toi,
    Quelle que soit ma destinée.

    Mes yeux auraient-ils été transpercés,
    L’écluse de mon sang serait...

  • J’ai feint que des Dieux m’aient parlé ;
    Celui-là ruisselant d’algues et d’eau,
    Cet autre lourd de grappes et de blé,
    Cet autre ailé,
    Farouche et beau
    En sa stature de chair nue,
    Et celui-ci toujours voilé,
    Cet autre encor
    Qui cueille, en chantant, la ciguë
    Et la pensée
    Et qui noue à son thyrse d’or
    Les deux serpents en caducée...

  • J’ai songé bien des fois à mon lointain ancêtre,
    A celui qui reçut le nom qu’il m’a légué
    Du sordide troupeau de porcs qu’il menait paître
    Dans la forêt obscure et, de là, boire au gué.

    La vase des marais en séchant sur sa guêtre
    Alourdissait, le soir, son grand pas fatigué,
    Ou bien le gueux courait les bois pieds nus peut-être,
    Hirsute, à demi-fol et...

  • JACQUES D’ARTEVELDE

    I

    Ô ce soir de Juillet où le Tribun mourut,

    Soleil de Flandre, en avez-vous gardé mémoire ?
    Sa ville était...

  • Jacques d’Artevelde

    Ô ce soir de juillet où le Tribun mourut,
    Soleil de Flandre, en avez-vous gardé mémoire ?
    Sa pille était dorée aux rayons de sa gloire
    Et le monde changea quand son geste apparut.

    Pour la...