Stances
Je suis bien jeune encor, et la beauté que j'aime
Est jeune comme moi.
J'ai souvent désiré de lui parler moi-même
Pour lui donner ma foi.
J'obéis sans contrainte à l'amour qu'il me donne
Quelque désir qu'il ait,
Et sans lui résister mon âme s'abandonne
A tout ce qui lui plaît.
Si pour lui témoigner combien je suis...
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Ce n'est qu'un vent furtif que le bien de nos jours,
Qu'une fumée en l'air, un songe peu durable ;
Notre vie est un rien, à un point comparable,
Si nous considérons ce qui dure toujours.
L'homme se rend encor lui-même misérable,
Ce peu de temps duquel il abrège ses jours
Par mille passions, par mille vains discours,
Tant la sotte raison le rend... -
Tout n'est plein ici bas que de vaine apparence,
Ce qu'on donne à sagesse est conduit par le sort,
L'on monte et l'on descend avec pareil effort,
Sans jamais rencontrer l'état de consistance.
Que veiller et dormir ont peu de différence,
Grand maître en l'art d'aimer, tu te trompes bien fort
En nommant le sommeil l'image de la mort,
La vie et le... -
Mon Dieu, que la lumière est belle,
Mais on n'en voit qu'une étincelle ;
On n'est pas sorti du berceau
Que l'on court à la sépulture :
Que les froides nuits du tombeau
Font d'outrages à la nature !
De toutes ces beautés célestes,
Voyez les misérables restes,
Dans ce lit commun des humains
Où Dieu veut que toujours on dorme,
Ces beaux... -
Ah ! que ce fameux personnage
Qui ne connut de lois que celle du bon sens
Des Yvetaux en notre temps
Pensa d'une manière et plus haute et plus sage
Jusqu'à la fin de ses jours
Il porta constamment panetière et houlette
Et dans les bras de ses amours
Expira mollement au son de la musette.
C'est lui qui par de doux accords
Pour mieux descendre... -
de Fontenay, le premier Jour de Mai 1705
Loin de la foule et du bruit,
Je suis dans mon château, comme vous dans le vôtre :
Car ne se peut prendre pour autre
Que pour château, votre réduit ;
Et croiriez une baliverne,
Si, sur la foi d'une lanterne
Qui par l'ordre d'Argenson luit,
Vous pensiez qu'être aux Incurables,
Entre gens un peu... -
Une paisible et longue jouissance
Fait les dégoûts et détruit la constance
Car s'attacher toujours au même bien
C'est posséder et ne sentir plus rien
Aussi, Philis, il faut être inconstante
Vous reprendrez votre premier usage
En reprenant votre premier visage
Et le retour de vos légèretés
Nous fera voir celui de vos beautés
Il faut brûler d'... -
Songez, Philis, songez au temps passé
Ce beau garçon dont vous fûtes éprise
Mit en vos mains son aimable franchise.
Il était jeune, il n'avait point senti
Ce que ressent un coeur assujetti,
Et jeune encore vous ignoriez l'usage
Des mouvements qu'excite un beau visage.
Vous ignoriez la peine et le plaisir
Qu'ont su donner l'amour et le désir... -
Chère Philis, qu'êtes-vous devenue
Cet enchanteur qui vous a retenue
Depuis trois ans, par un charme nouveau
Vous retient-il dans quelque vieux château ?
S'il en est ainsi je cherche une aventure
En chevalier de la triste figure
Et dût Roland ressusciter
Contre Roland, j'oserai tout tenter
Mais non Philis, délivrez-vous vous-même
Vous en... -
De Sponde, ton malheur fut ta félicité,
Tu fus, abandonnant la vanité mondaine,
De son incertitude une preuve certaine,
Et trouvas ta constance en sa légèreté.
Mon Dieu, que ta prison fut bien ta liberté !
Ô combien de repos tu tiras de ta peine !
Que de bonheur divin de l'infortune humaine,
Mourant heureusement en son adversité !
L'...