• Te voilà revenu, dans mes nuits étoilées,
    Bel ange aux yeux d'azur, aux paupières voilées,
    Amour, mon bien suprême, et que j'avais perdu !
    J'ai cru, pendant trois ans, te vaincre et te maudire,
    Et toi, les yeux en pleurs, avec ton doux sourire,
    Au chevet de mon lit, te voilà revenu.

    Eh bien, deux mots de toi m'ont fait le roi du monde,
    Mets la main...

  • Déesse aux yeux d'azur, aux épaules d'albâtre,
    Belle muse païenne au sourire adoré,
    Viens, laisse-moi presser de ma lèvre idolâtre
    Ton front qui resplendit sous un pampre doré.

    Vois-tu ce vert sentier qui mène à la colline ?
    Là, je t'embrasserai sous le clair firmament,
    Et de la tiède nuit la lueur argentine
    Sur tes contours divins flottera...

  • Avez-vous vu, dans Barcelone,
    Une Andalouse au sein bruni ?
    Pâle comme un beau soir d'automne !
    C'est ma maîtresse, ma lionne!
    La marquesa d'Amaëgui !

    J'ai fait bien des chansons pour elle,
    Je me suis battu bien souvent.
    Bien souvent j'ai fait sentinelle,
    Pour voir le coin de sa prunelle,
    Quand son rideau tremblait au vent.

    Elle est...

  • Vous les regrettiez presque en me les envoyant,
    Ces vers, beaux comme un rêve et purs comme l'aurore.
    Ce malheureux garçon, disiez-vous en riant,
    Va se croire obligé de me répondre encore.

    Bonjour, ami sonnet, si doux, si bienveillant,
    Poésie, amitié que le vulgaire ignore,
    Gentil bouquet de fleurs, de larmes tout brillant,
    Que dans un noble coeur...

  • Élégie

    Mes chers amis, quand je mourrai,
    Plantez un saule au cimetière.
    J'aime son feuillage éploré ;
    La pâleur m'en est douce et chère,
    Et son ombre sera légère
    À la terre où je dormirai.

    Un soir, nous étions seuls, j'étais assis près d'elle ;
    Elle penchait la tête, et sur son clavecin
    Laissait, tout en rêvant, flotter sa blanche...

  • LE POÈTE

    Du temps que j'étais écolier,
    Je restais un soir à veiller
    Dans notre salle solitaire.
    Devant ma table vint s'asseoir
    Un pauvre enfant vêtu de noir,
    Qui me ressemblait comme un frère.

    Son visage était triste et beau :
    A la lueur de mon flambeau,
    Dans mon livre ouvert il vint lire.
    Il pencha son front sur sa main,
    Et...

  • LA MUSE

    Poète, prends ton luth et me donne un baiser ;
    La fleur de l'églantier sent ses bourgeons éclore,
    Le printemps naît ce soir ; les vents vont s'embraser ;
    Et la bergeronnette, en attendant l'aurore,
    Aux premiers buissons verts commence à se poser.
    Poète, prends ton luth, et me donne un baiser.

    LE POÈTE

    Comme il fait noir...

  • Si tu ne m'aimais pas, dis-moi, fille insensée,
    Que balbutiais-tu dans ces fatales nuits ?
    Exerçais-tu ta langue à railler ta pensée ?
    Que voulaient donc ces pleurs, cette gorge oppressée,
    Ces sanglots et ces cris ?

    Ah ! si le plaisir seul t'arrachait ces tendresses,
    Si ce n'était que lui qu'en ce triste moment
    Sur mes lèvres en feu tu couvrais de...

  • Madrid, princesse des Espagnes,
    Il court par tes mille campagnes
    Bien des yeux bleus, bien des yeux noirs.
    La blanche ville aux sérénades,
    Il passe par tes promenades
    Bien des petits pieds tous les soirs.

    Madrid, quand tes taureaux bondissent,
    Bien des mains blanches applaudissent,
    Bien des écharpes sont en jeux.
    Par tes belles nuits étoilées...

  • Elle était belle, si la Nuit
    Qui dort dans la sombre chapelle
    Où Michel-Ange a fait son lit,
    Immobile peut être belle.

    Elle était bonne, s'il suffit
    Qu'en passant la main s'ouvre et donne,
    Sans que Dieu n'ait rien vu, rien dit,
    Si l'or sans pitié fait l'aumône.

    Elle pensait, si le vain bruit
    D'une voix douce et cadencée,
    ...