• Hélas ! les temps sont loin des phlox incarnadins
    Et des roses d'orgeuil illuminant ses portes,
    Mais, si fané soit-il et si flétri - qu'importe ! -
    Je l'aime encor de tout mon coeur, notre jardin.

    Sa détresse parfois m'est plus chère et plus douce
    Que ne m'était sa joie aux jours brûlants d'été ;
    Oh ! le dernier parfum lentement éventé
    Par sa...

  • Par les pays des soirs, au nord de ma tristesse,
    Mous d'automne, le vent se pleure en de la pluie
    Et m'angoisse soudain d'une nuée enfuie,
    Avec un geste au loin d'âpre scélératesse.

    Est-ce la mort qu'annoncerait la prophétesse,
    Au fond de ce grand ciel d'octobre où je m'ennuie
    - Depuis quel temps ? - à suivre un vol d'oiseaux de suie
    Tourner dans l'...

  • Les toits semblent perdus
    Et les clochers et les pignons fondus,
    Dans ces matins fuligineux et rouges,
    Où, feu à feu, des signaux bougent.

    Une courbe de viaduc énorme
    Longe les quais mornes et uniformes ;
    Un train s'ébranle immense et las.

    Là-bas,
    Un steamer rauque avec un bruit de corne.

    Et par les quais uniformes et mornes,
    ...

  • On trouve encor de grands moines que l'on croirait
    Sortis de la nocturne horreur d'une forêt.

    Ils vivent ignorés en de vieux monastères,
    Au fond du cloître, ainsi que des marbres austères.

    Et l'épouvantement des grands bois résineux
    Roule avec sa tempête et sa terreur en eux.

    Leur barbe flotte au vent comme un taillis de verne,
    Et leur...

  • Ce soir, l'homme de la fatigue
    A regarder s'illimiter la mer,
    Sous le règne du vent despote et des éclairs,
    Les bras tombants, là-bas, s'est assis sur ma digue.

    Le vêtement des plus beaux rêves,
    L'orgueil des humaines sciences brèves,
    L'ardeur, sans plus aucun sursaut de sève,
    Tombaient, en loques, sur son corps :
    Cet homme était vêtu de...

  • I

    On dirait que le site entier sous un lissoir
    Se lustre et dans les lacs voisins se réverbère ;
    C'est l'heure où la clarté du jour d'ombres s'obère,
    Où le soleil descend les escaliers du soir.

    Une étoile d'argent lointainement tremblante,
    Lumière d'or dont on n'aperçoit le flambeau,
    Se reflète, mobile et fixe, au fond de l'eau
    Où le...

  • L'âme et le coeur si las des jours, si las des voix,
    Si las de rien, si las de tout, l'âme salie ;
    Quand je suis seul, le soir, soudainement, parfois,
    Je sens pleurer sur moi l'oeil blanc de la folie.

    Celui, si triste hélas ! qui s'en alla, là-bas,
    - Pâle oeil désenchanté de la raison méchante -
    Rêver à quelque chose, au loin, qu'on ne voit pas
    A...

  • Dreling, dreling,
    C'est la fête de tous les Saints.

    On en connaît qui sont venus,
    - dites, de quels pays d'or et d'ivoire ! -
    Depuis des temps que nul n'a retenus,
    Dans ma contrée, en sa mémoire.
    On en connaît qui sont partis de Trébizonde,
    Dieu sait par quels chemins,
    N'ayant pour seuls trésors au monde
    Que deux lys clairs, entre leurs...

  • La nuit, dans le silence en noir de nos demeures,
    Béquilles et bâtons qui se cognent, là-bas;
    Montant et dévalant les escaliers des heures,
    Les horloges, avec leurs pas ;

    Émaux naifs derrière un verre, emblèmes
    Et fleurs d'antan, chiffres maigres et vieux;
    Lunes des corridors vides et blêmes,
    Les horloges, avec leurs yeux ;

    Sons morts, notes...

  • Dans la maison où notre amour a voulu naître,
    Avec les meubles chers peuplant l'ombre et les coins,
    Où nous vivons à deux, ayant pour seuls témoins
    Les roses qui nous regardent par les fenêtres.

    Il est des jours choisis, d'un si doux réconfort,
    Et des heures d'été, si belles de silence,
    Que j'arrête parfois le temps qui se balance,
    Dans l'horloge...