• Que me fuis-tu ? Mille Nymphes me cherchent
    Les Muses m'ont apporté leurs presens,
    J'ay de Venus les verds myrtes plaisans,
    J'ay de Phebus les lauriers qui ne sechent.

    Cruelle, au moins si tels biens ne t'allechent,
    Si mon amour, si mes soucis pesans,
    Pren, pren pitié de ces miens jeunes ans,
    Qui comme l'herbe au soleil se dessechent.
    ...

  • Ja le matin, qui l'univers redore,
    De franges d'or et de perles s'ornoit,
    Et doucement tout en roses tournoit
    Le char serein de l'Indienne aurore.

    Las ! le souci qui sans fin me devore
    Aucun espoir de paix ne me donnoit :
    Plutôt le jour alors me ramenoit
    Mille tormens, et mille mors encore,

    Quand derrier' moi, au bout d'un gai preau,...

  • Celle qu'adore mon coeur n'est ni brune ni blonde ;
    Pour la peindre d'un seul trait
    C'est le plus charmant objet
    Du monde.

    Cependant de ses beautés le compte est bien facile ;
    On lui voit cinq cents appas,
    Et cinq cents qu'on ne voit pas
    Font mille.

    Sa sagesse et son esprit sont d'une main céleste ;
    Mille attraits m'ont informé...

  • Fantôme qui nous dois dans la tombe enfermer,
    Mort dont le nom répugne et dont l'image effraie,
    Mais qu'à force de crainte on finit par aimer,
    Puisque la vie est vaine et que toi seule es vraie ;

    Ô Mort, qui fais qu'on vit sans but et qu'on est las,
    Et qu'on rejette au loin la coupe non goûtée,
    Mort qu'on maudit d'abord et dont on ne veut pas,
    ...

  • J'aime bien le savoir, bien que je n'aime à lire,
    J'aime beaucoup la guerre et la douce santé,
    J'aime les bons chevaux, qui ont de la beauté,
    J'aime le doux repos, j'aime à chanter et rire.

    J'aime bien à moquer, un petit à médire,
    - Ne disant toutefois que toute vérité -
    J'aime l'honnête habit, j'aime la propreté,
    J'aime bien à voguer dessus un fort...

  • S'habiller bravement, s'ombrer de fards menteurs,
    D'un mauvais mot nous feindre une éloquence,
    Apprendre à bégayer, n'aller qu'à révérence,
    Et n'être aucunement sans servants serviteurs,

    Recevoir le poulet, le plumer par humeurs,
    Porter un éventail qui sert de contenance,
    Avoir plus d'appareil que de vraie contenance,
    Et hiéroglyphiquer en...

  • Si l'amour ne paraît à mes désirs constant,
    Il n'en faut s'étonner. Le monde est variable,
    Toute chose ici-bas est mouvante et muable,
    Tout se change et rechange en un même instant.

    Il n'est rien qui ne soit gouverné par le vent.
    Le seul vent nous dispose, et au lit nous accable ;
    Du vent nous recevons le beau temps désirable,
    Et la fâcheuse pluie...

  • Qu'en dites-vous, mon Coeur ? Je vous prie de le dire.
    Quoi ? vous rêvez, ce semble, ô quelle étrange humeur !
    Mais ce beau teint changeant m'avant-court un bonheur,
    Et ce vent tremblotant qui doucement soupire.

    Las ! ce bel oeil baissé, dont le jour se retire,
    Pourrait bien messager quelque étrange douceur :
    Non, ce souris bénin présage une douleur,...

  • Afin qu'amour-oiseau ne soit plus si volage,
    Je veux qu'il ait la forme ores d'un Papillon,
    Il en sera plus gai, plus mignard, plus mignon,
    Plus céleste, éveillé, plus reluisant, plus sage.

    Il ne sera plus triste, étrangement sauvage,
    Mais joyeux, mais privé, toujours beau, toujours bon,
    Immortel, renaissant en la prime saison,
    Bien humble,...

  • Ha Dieu ! que j'ai de bien alors que je baisotte
    Ma jeune folion dedans un riche lit
    Ha Dieu ! que j'ai de bien en ce plaisant conflit,
    Perdant mon plus beau sang par une douce flotte.

    Ha Dieu ! que j'ai de bien lorsque je la mignotte,
    Lorsque je la chatouille, et lorsqu'elle me rit.
    Ha Dieu ! que j'ai de bien quand j'entends qu'elle dit
    D'une...