• (Lettre X)

    [...] Tantôt il, aime à voir la pourpre de la rose,
    Sous le jour renaissant, pompeusement éclose,
    Disputer de la force et de l'éclat du teint
    Avecque le rayon du soleil qui la peint.
    Et tantôt son plaisir est de voir la nuance
    Que cent diverses fleurs font de leur alliance
    Sur le vivant émail d'une planche à fond vert,
    Où chacun à...

  • Mon front pâle est sur tes genoux
    Que jonchent des débris de roses ;
    O femme d'automne, aimons-nous
    Avant le glas des temps moroses !

    Oh ! des gestes doux de tes doigts
    Pour calmer l'ennui qui me hante !
    Je rêve à mes aïeux les rois,
    Mais toi, lève les yeux, et chante.

    Berce-moi des dolents refrains
    De ces anciennes cantilènes...

  • A JORIS-KARL HUYSMANS

    La blême lune allume en la mare qui luit
    Miroir des gloires d'or, un émoi d'incendie.
    Tout dort. Seul, à mi-mort, un rossignol de nuit
    Module en mal d'amour sa molle mélodie.

    Plus ne vibrent les vents en le mystère vert
    Des ramures. La lune a tû leurs voix nocturnes :
    Mais à travers le deuil du feuillage entr'ouvert,...

  • Mon âme, en une rose,
    Est morte de douleur :
    C'est l'histoire morose
    Du rêve et de la fleur.

    Je n'irai pas la dire
    Sur les routes du roi ;
    Je crois, Dame et Messire,
    Que vous ririez de moi.

    Voici le vent d'automne
    Sur mon âme et les fleurs ;
    Et pourtant je m'étonne
    De tout ce ciel en pleurs.

    O rose de mon rêve...

  • A STÉPHANE MALLARMÉ

    I

    O l'ineffable horreur des étés somnolents
    Où les lilas au long des jardins s'alanguissent
    Et les zéphyrs, soupirs de sistres indolents,
    Sur les fleurs de rubis et d'émeraude glissent !

    Car les vieilles amours s'éveillent sous les fleurs,
    Et les vieux souvenirs, sous le vent qui circule,
    Soulèvent leurs soupirs,...

  • Etouffant en la nuit la rumeur de ses pas
    Le vieux ménétrier sous l'horreur de la lune
    Rôde comme un garou par la lande et la dune.

    Sur la grève des mers il balance ses pas,
    Pris d'un doux mal d'amour pour sa dame la lune
    Qui le leurre au plus loin de la lande et la dune.

    Et le voilà qui vague au vouloir de ses pas
    Vers le miroir des mers où...

  • Ce fut en un soir où les chansons
    Des amants liés par leurs mains lasses
    Mouraient, ô Dame pâle qui passes,
    Au clair de la lune des moissons.

    Long penchée au bord des lourds calices
    Des lys, fleurs des reines et des rois,
    Tu faisais le signe de la croix
    Comme une qui renonce aux délices.

    Chevelure éparse au vent léger,
    Tu...

  • Ô narcisses et chrysanthèmes
    De ce crépuscule d'automne
    Où nos voix reprenaient les thèmes
    Tant tristes du vent monotone !

    Des enfants dansaient sur la route
    Qui mène vers la lande noire
    Où hurla jadis la déroute,
    Sous la lune, des rois sans gloire.

    Nous chantions des chants des vieux âges
    En allant tous deux vers la ville,
    Toi...

  • Sous le souffle étouffé des vents ensorceleurs
    J'entends sourdre sous bois les sanglots et les rêves :
    Car voici venir l'heure où dans des lueurs brèves
    Les feuilles des forêts entonnent, choeur en pleurs,
    L'automnal requiem des soleils et des sèves.

    Comme au fond d'une nef qui vient de s'assombrir
    L'on ouït des frissons de frêles banderolles,
    Et le...

  • Au temps de la mort des marjolaines,
    Alors que bourdonne ton léger
    Rouet, tu me fais, les soirs, songer
    A tes aïeules les châtelaines.

    Tes doigts sont fluets comme les leurs
    Qui dévidaient les fuseaux fragiles.
    Que files-tu, soeur, en ces vigiles,
    Où tu chantes d'heurs et de malheurs ?

    Seraient-ce des linceuls pour tes rêves
    D'amour,...