• " Fuis, ne me livre point. Pars avant son retour ;
    " Lève-toi ; pars, adieu ; qu'il n'entre, et que ta vue
    " Ne cause un grand malheur, et je serais perdue !
    " Tiens, regarde, adieu, pars : ne vois-tu pas le jour ? "

    Nous aimions sa naïve et riante folie,
    Quand soudain, se levant, un sage d'Italie,
    Maigre, pâle, pensif, qui n'avait point parlé,
    Pieds...

  • Souvent le malheureux songe à quitter la vie ;
    L'espérance crédule à vivre le convie.
    Le soldat sous la tente espère, avec la paix,
    Le repos, les chansons, les danses, les banquets.
    Gémissant sur le soc, le laboureur d'avance
    Voit ses guérets chargés d'une heureuse abondance.
    Moi, l'espérance amie est bien loin de mon coeur.
    Tout se couvre à mes yeux d'...

  • Ainsi le jeune amant, seul, loin de ses délices,
    S'assied sous un mélèze au bord des précipices,
    Et là, revoit la lettre où, dans un doux ennui,
    Sa belle amante pleure et ne vit que pour lui.
    Il savoure à loisir ces lignes qu'il dévore ;
    Il les lit, les relit et les relit encore,
    Baise la feuille aimée et la porte à son coeur.
    Tout à coup de ses doigts...

  • Mai de moins de roses, l'automne
    De moins de pampres se couronne,
    Moins d'épis flottent en moissons,
    Que sur mes lèvres, sur ma lyre,
    Fanny, tes regards, ton sourire,
    Ne font éclore de chansons.

    Les secrets pensers de mon âme
    Sortent en paroles de flamme,
    A ton nom doucement émus :
    Ainsi la nacre industrieuse
    Jette sa perle...

  • Ah ! je les reconnais, et mon coeur se réveille.
    Ô sons ! ô douces voix chères à mon oreille !
    Ô mes Muses, c'est vous ; vous mon premier amour,
    Vous qui m'avez aimé dès que j'ai vu le jour.
    Leurs bras, à mon berceau dérobant mon enfance,
    Me portaient sous la grotte où Virgile eut naissance,
    Où j'entendais le bois murmurer et frémir,
    Où leurs yeux dans...

  • (Saint-Lazare)

    Triste vieillard, depuis que pour tes cheveux blancs
    Il n'est plus de soutien de tes jours chancelants,
    Que ton fils orphelin n'est plus à son vieux père,
    Renfermé sous ton toit et fuyant la lumière,
    Un sombre ennui t'opprime et dévore ton sein.
    Sur ton siège de hêtre, ouvrage de ma main,
    Sourd à tes serviteurs, à tes amis eux-même...

  • Aujourd'hui qu'au tombeau je suis prêt à descendre,
    Mes amis, dans vos mains je dépose ma cendre.
    Je ne veux point, couvert d'un funèbre linceul,
    Que les pontifes saints autour de mon cercueil,
    Appelés aux accents de l'airain lent et sombre,
    De leur chant lamentable accompagnent mon ombre,
    Et sous des murs sacrés aillent ensevelir
    Ma vie, et ma dépouille, et...

  • Jeune fille, ton coeur avec nous veut se taire
    Tu fuis, tu ne ris plus ; rien ne saurait te plaire.
    La soie à tes travaux offre en vain des couleurs ;
    L'aiguille sous tes doigts n'anime plus des fleurs.
    Tu n'aimes qu'à rêver, muette, seule, errante,
    Et la rose pâlit sur ta bouche mourante.
    Ah ! mon oeil est savant et depuis plus d'un jour,
    Et ce n'est...

  • Ô délices d'amour ! et toi, molle paresse,
    Vous aurez donc usé mon oisive jeunesse !
    Les belles sont partout. Pour chercher les beaux-arts,
    Des Alpes vainement j'ai franchi les remparts :
    Rome d'amours en foule assiége mon asile.
    Sage vieillesse, accours ! Ô déesse tranquille,
    De ma jeune saison éteins ces feux brûlants,
    Sage vieillesse ! Heureux qui...

  • Je dirai l'innocence en butte à l'imposture,
    Et le pouvoir inique, et la vieillesse impure,
    L'enfance auguste et sage, et Dieu, dans ses bienfaits,
    Qui daigne la choisir pour venger les forfaits.
    Ô fille du Très-Haut, organe du génie,
    Voix sublime et touchante, immortelle harmonie,
    Toi qui fais retentir les saints échos du ciel
    D'hymnes que vont...