• Les aveugles et violeurs
    Pour ôter aux gens leurs douleurs
    Chantent toujours belles chansons ;
    Et toutefois par chants et sons
    Ils ne peuvent chasser les leurs.

    Ce qu'ils chantent en leurs malheurs,
    Ils aiment mieux que les couleurs
    Ou moins qu'enfants longues leçons,
    Les aveugles.

    En chantant ils pensent ailleurs,
    Mêmement...

  • A Claude Bectone, Dauphinoise.

    Si Amour n'était tant volage
    Ou qu'on le pût voir en tel âge
    Qu'il sût les labeurs estimer,
    On pourrait bien sans mal aimer.

    Si Amour avait connaissance
    De son invincible puissance,
    Laquelle il oit tant réclamer,
    On pourrait bien sans mal aimer.

    Si Amour découvrait sa vue
    Aussi bien qu'il fait...

  • Au lecteur des 'Nouvelles récréations et joyeux devis'.

    Hommes pensifs, je ne vous donne à lire
    Ces miens devis, si vous ne contraignez
    Le front maintien de vos fronts rechignés ;
    Ici n'y a seulement que pour rire.

    Laissez à part votre chagrin, votre ire,
    Et vos discours de trop loin désignés.
    Une autre fois vous serez enseignés ;
    Je me...

  • Baigne mes pieds du cristal de tes ondes,
    O ma fontaine ! et sur ton frais miroir,
    Laisse tomber mes longues tresses blondes
    Flottant au gré de la brise du soir !

    Nymphe des bois, sur ton bassin penchée,
    J'aime à rêver à l'ombre des roseaux,
    Quand une feuille à sa tige arrachée,
    Ride en tombant la nappe de tes eaux.

    J'aime à plonger ma taille...

  • Encaissé dans un lit aux arêtes rugueuses,
    Entre deux pans abrupts rongés par le courant,
    Tout au fond d'un ravin sinueux, le torrent,
    Avec un bruit confus, roule ses eaux fougueuses.

    Du rivage escarpé jusqu'au bois odorant,
    Dont l'ombre couvre au loin ces grèves rocailleuses,
    Des gradins encadrés de sapins et d'yeuses,
    Taillés dans le granit, s'...

  • C'est l'automne. Le vent balance
    Les ramilles, et par moments
    Interrompt le profond silence
    Qui plane sur les bois dormants.

    Des flaques de lumière douce,
    Tombant des feuillages touffus,
    Dorent les lichens et la mousse
    Qui croissent au pied des grands fûts.

    De temps en temps, sur le rivage,
    Dans l'anse où va boire le daim,
    ...

  • Chênes au front pensif, grands pins mystérieux,
    Vieux troncs penchés au bord des torrents furieux,
    Dans votre rêverie éternelle et hautaine,
    Songez-vous quelquefois à l'époque lointaine
    Où le sauvage écho des déserts canadiens
    Ne connaissait encor que la voix des Indiens
    Qui, groupés sous l'abri de vos branches compactes,
    Mêlaient leurs chants de guerre au...

  • Aux pans du ciel l'hiver drape un nouveau décor ;
    Au firmament l'azur de tons roses s'allume ;
    Sur nos trottoirs un vent plus doux enfle la plume
    Des petits moineaux gris qu'on y retrouve encor.

    Maint coup sec retentit dans la forêt qui dort ;
    Et, dans les ravins creux qui s'emplissent de brume,
    Aux franges du brouillard malsain qui nous enrhume
    L'...

  • Combien ai-je de fois, le front mélancolique,
    Baisé pieusement ta touchante relique,
    Ô Montcalm ! ce drapeau témoin de tant d'efforts,
    Ce drapeau glorieux que chanta Crémazie !,
    Drapeau qui n'a jamais connu d'apostasie,
    Et que la France, un jour, oublia sur nos bords !

    Devant ces plis sacrés troués par les tempêtes
    Qui tant de fois jadis ont tonné sur...

  • La pâle nuit d'automne
    De ténèbres couronne
    Le front gris du manoir ;
    Morne et silencieuse,
    L'ombre s'assied, rêveuse,
    Sous le vieux sapin noir.

    Au firmament ses voiles
    Sont parsemés d'étoiles
    Dont le regard changeant,
    Sur la nappe des ondes,
    Répand en gerbes blondes
    Ses paillettes d'argent.

    Dans le ciel en silence
    La...